ÉDITORIAL. La votation du 7 mars sur l’initiative «Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage» polarise. Les arguments des initiants sont d’une irritante hypocrisie

Le voile intégral est très dérangeant. A l’exception d’un grillage ou d’une fente pour les yeux, la burqa ou le niqab font disparaître celle qui le porte. Il existe une forme de violence dans ce qui ressemble à un emprisonnement et il est difficile d’imaginer qu’une femme puisse porter ce vêtement autrement que sous une forme de contrainte. C’est ce que ressentent très profondément et expriment une partie des femmes, notamment celles qui se sont battues pendant des années pour l’égalité des droits avec les hommes. C’est vrai, cet habit est un symbole inacceptable de soumission.
Lire également: Cette burqa qui divise les féministes
Mais pourquoi vote-t-on à ce propos le 7 mars? Le décompte présenté par le Conseil fédéral est maigre. On dénombrerait entre 20 et 30 femmes portant le voile intégral en Suisse. Les médias ont lutté pour les trouver, une association féministe en a identifié trois portant le niqab dans notre pays prêtes à témoigner. On ne peut donc pas dire que l’initiative réponde à un problème flagrant – visible, serait-on tenté d’ironiser. Interdire la burqa serait alors une manière de lutter contre le terrorisme? L’interdiction de se cacher le visage en public ne va pas dissuader un individu dérangé de commettre un acte criminel ni limiter l’éventuelle émergence de groupes extrémistes dans nos contrées.
L’argument égalitaire, mis dans la bouche des initiants, peine à convaincre, et c’est peu dire. Les engagements féministes du Comité d’Egerkingen et de l’UDC sont aussi relatifs et récents que leur initiative, un retour historique sur leurs positions à propos de la condition des femmes le démontre facilement. Quant au débat en Suisse, on ne peut pas dire qu’il ait porté sur le fameux concept – pourtant servi comme raison d’être de l’initiative – de «vivre ensemble».
Il suffit de lire les commentaires sous les articles et sur les réseaux pour mesurer l’agressivité, les raccourcis et l’islamophobie de certaines prises de position. A l’évidence, les affiches anxiogènes de l’UDC n’ont pas favorisé une conversation constructive ni ouvert la voie à des échanges pacifiques entre les confessions. Enfin, nous aurions tort de surestimer l’impact positif du message que le vote contre la burqa enverrait aux femmes concernées dans le reste du monde.
Nous votons donc à propos d’un problème inexistant en Suisse, suite à une campagne hypocrite et un débat politique peu glorieux, pour inscrire potentiellement un changement de la Constitution alors que le Code pénal interdit aujourd’hui déjà la contrainte. Dans ces conditions, autant refuser la manipulation en refusant l’initiative.
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Il y a 1 semaine
Le Code pénal interdit aujourd’hui déjà la contrainte ?
Alors pourquoi refuser une disposition qui renforce un acquis.
Nous aurions tort de surestimer l’impact positif du message que le vote contre la burqa enverrait aux femmes concernées dans le reste du monde ?
Cet argument est du genre néo-colonialiste sous un masque trompeur d'humanisme. L'objet n'est pas de se mêler de la société des autres, mais de préserver nos valeurs.
On dénombrerait entre 20 et 30 femmes portant le voile intégral en Suisse. Parfait, il n'y aura donc pas contrainte sur une population importante, mais il est temps de préciser les règles
du vivre ensemble de notre société avant qu'une population importante ne soit déviante dans son bon droit. Il faut préciser le bon droit maintenant, avant qu'une contrainte ou qu'une éducation contaignante ne rende le phénomène divergent de nos valeurs fondamentales.
Contraire aux intérêts du tourisme ? Sommes-nous une peuple si démunis que nous soyons prêts à fouler le respect de nos valeurs aux pieds pour quelques nuités hôtelières et montres de luxe ? Un peu de dignité et de noblesse s'il vous plait.
Il y a 1 semaine
Nous votons contre le salafisme, une perversion de l’Islam, déjà bien implantée dans nos mosquées, et qui n’a rien à voir avec les cinq piliers de l’Islam. Mais qui prône des valeurs complètement incompatibles avec notre société. Et dont la burka en est le symbole.
Il y a 1 semaine
Je ne vois pas comment l'interdiction de la burka pourrait régler le problème que posent les prêches extrémistes dans les mosquées. Cette initiative n'est pour moi qu'un effet de manches d'un parti qui cherche à se faire valoir.
Il y a 1 semaine
Laissons les arguments féministes de côté et posons-sous cette question : acceptons-nous que quelqu'un nous voie, observe nos réactions sur notre visage alors qu'il dissimule le sien derrière un niqab ? Notez que j'ai écrit "quelqu'un", ne sachant pas s'il s'agit d'un homme ou d'une femme. Ne pas savoir à qui on a faire m'est insupportable, décliner son identité fait partie des valeurs auxquelles je tiens.
Il y a 1 semaine
Les initiants prétendent que toutes les femmes portant la burqa ou le niqab le font sous contrainte. Il s'agirait donc de les protéger. Alors pourquoi veulent-ils faire des victimes des criminelles? Ce sont elles qui devront payer l'amende ou rester à la maison...
Il y a 1 semaine
l'initiative populaire voulant interdire la dissimulation vestimentaire du visage ne doit pas être considérée du point de vue des femmes. ce serait une grave erreur. cette dissimulation touche à un aspect important de la socioculture occidentale qui concerne tous les citoyens et pas seulement les femmes.
notre socioculture n'admet généralement pas dans les lieux publics les deux extrêmes vestimentaires que sont la nudité intégrale et la dissimulation totale.
notre socioculture prévoit en revanche des exceptions à ces interdits, mais ces exceptions sont localisées dans l'espace ou dans le temps: la nudité intégrale dans les lieux naturistes ou dans certains bains thermaux, et la dissimulation totale lors du carnaval, par exemple.
si des personnes violent sciemment notre socioculture en enfreignant l'un de nos deux interdits vestimentaires, elles doivent être sanctionnées.
en l'occurrence, il s'agit certes de femmes qui porteraient une tenue vestimentaire contraire à nos valeurs, mais la plupart d'entre elles sont chaperonnées par un homme dans l'espace public. dans ce cas, ce sont ces hommes, leurs chaperons, qui doivent être sanctionnés, et pas elles.
Il y a 1 semaine
Quand on voit l'affiche des initiants avec une femme voilée qui fronce les sourcils avec un regard menaçant, il devient évident que l'initiative n'a pas pour but de protéger ces femmes mais bien de nous en faire peur.
https://interdiction-dissimuler-visage.ch/wp-content/uploads/sites/10/2…
Il y a 1 semaine
Une femme contrainte à porter le niqab ou la burka ne sait pas qu'elle peut porter plainte ou n'ose probablement pas le faire. Une interdiction de ce vêtement rend donc les choses plus claires. Et elle montre aussi quelles sont nos valeurs. Je voterai oui à l'initiative par respect pour toutes les femmes contraintes de se voiler le visage dans le monde.
Il y a 1 semaine
D’un humaniste, brillant et éclairant, qui pour l'avoir vécu :
« LE VOILE N’EST PAS UNE LIBERTÉ . L’écrivain et essayiste, qui se souvient de la terrible guerre civile algérienne des années 1990, s’insurge contre cette imposture intellectuelle.
"Le voile n’est qu’un voile. Il cache et n’embellit pas. Il nie et prive l’humain du lien avec l’autre. Ce n’est pas une robe mais un uniforme. Ce n’est pas un choix mais le choix de se mentir ou de tromper autrui. (…). Le voile n’est pas une liberté car, si on croit être libre de le porter, on n’est jamais libre de l’enlever. (…) Accepter le voile c’est se voiler la face. Rien d’autre. Tout le reste est renoncement raffiné. »
Kamel Daoud (Le Point, 01.10.20, www.lepoint.fr/editos-du-point/sebastien-le-fol/kamel-daoud-le-voile-n-…)
Il y a 1 semaine
Il n y a que le oui qui est possible. C est insupportable de voir ces voiles. Ca me dérange, ca me choque et c est contraire a nos valeurs. D ailleur On ne devrait pas faire voté la population sur des affaires de moeurs. C est l état qui doit prendre ces décisions sur la base de notre constitution, qui stipule que la femme est l égale de l homme.
Il y a 1 semaine
À ceux qui affirment que le port de la burqa constitue une forme d'adoration pour la femme musulmane, puisque son interdiction relève de l'islamophobie. Par ce terme, on désignent ceux qui stigmatise l'islam et les musulman, sans étavlir une différence entre l'islam, qui relpve des idées pouvant être critiquées, et les fidéles dont on doit respecter l'appartence religieuse.
Les opposants à l’initiative présentent la burqa comme un accessoire vestimentaire neutre qui n’est porteur d’aucun sens. À partir de cette contrevérité, ils développent leur rhétorique en affirmant que le choix de porter la burqa n’est le résultat d’aucune contrainte et constitue une liberté dont on veut priver la femme musulmane. Ils parlent d’un instrument de discrimination et de domination patriarcale de la femme comme un outil d’émancipation et un choix purement vestimentaire, librement consenti pour symboliser la dignité de la musulmane.
Lettre ouverte d’Amine Abdelmajide, collaborateur libre de Futur CH
Cette manière de présenter les choses permet à ces opposants de donner une image positive du port de la burqa, alors que ce voile du visage véhicule des valeurs particulièrement discriminatoires envers la femme. En occultant le véritable message de ce voile, ils faussent complétement le débat et l’analyse rationnelle de la situation des femmes voilées. Cette manière incohérente de voir les choses amène les défenseurs de la burqa à fausser entièrement le débat. Ils en arrivent à présenter les personnes qui militent pour libérer la femme musulmane de la domination patriarcale comme des islamophobes liberticides qui n’ont qu’un seul objectif : salir l’islam, accuser les musulmans d’opprimer la femme, et priver la musulmane du droit de pratiquer en toute liberté sa religion !
En principe, pour avoir un débat serein, il faut analyser les préceptes qui justifient le port du voile islamique, et la manière dont ces préceptes sont enseignés dans l’islam. Quand cette analyse est menée d’une manière rationnelle et cohérente, on aboutit à une conclusion claire : la burqa, comme les autres formes du voile islamique, ne sont que la conséquence d’un discours discriminatoire qui stigmatise la femme. Dans l’islam, on prescrit aux croyants de couvrir la partie impudique de leur corps, pour la cacher du regard des autres. Malheureusement, c’est dans la définition de cette partie impudique que réside la stigmatisation de la femme. Dans leur immense majorité, ces savants musulmans, qu’ils soient sunnites ou chiites, établissent une différence fondamentale entre l’homme et la femme. Alors que chez l’homme, la partie impudique se limite à la zone allant du nombril jusqu’au-dessus des genoux, chez la femme en revanche, elle concerne la totalité de son corps.
Cette atteinte grave au principe d’égalité homme-femme est justifiée chez ces savants, par des considérations particulièrement discriminatoires et stigmatisantes envers la femme. Dès la toute petite enfance, on enseigne à la femme que son corps, par sa simple existence, constitue une source de graves problèmes. Par son attirance sexuelle, ce corps de la femme va détourner le musulman du droit chemin qu’Allah lui a prescrit. Instrument de convoitise, de jalousie et de division, le corps féminin est présenté comme source de dissension au sein de la communauté musulmane. Il est demandé à la femme de cacher à tout prix cette source du mal. Par ailleurs, on soulignera que ce discours est aussi stigmatisant pour l’homme musulman : il est peint comme incapable de résister à ses pulsions sexuelles, comme s’il ne possédait aucun discernement qui puisse s’opposer à ses pulsions.
Pour la femme, cette manière de voir les corps est particulièrement culpabilisante. Imaginons un seul instant la culpabilité que ressent la fillette lorsqu’elle suit l’enseignement des prescriptions justifiant le voile islamique. On notera que la différence entre les différentes formes du voile islamique n’est pas une différence de nature, mais uniquement de degré. Que ce soit le hijab, le niqab, le tchador ou la burqa, les principes de base, restent les mêmes dans l’enseignement prodigué aux petites filles. De par son contenu, cet enseignement est contraire à la liberté de la femme et au principe d’égalité homme-femme. En principe, nos lois interdisent toute forme d’enseignement qui incite à la discrimination d’un ensemble de personnes au seul motif de leur appartenance sexuel.
La question légitime qui se pose à tout citoyen épris de justice, concerne la position de nos autorités. Qu’elles soient politiques, universitaires ou médiatiques, on est interpelé par leur silence face à cet endoctrinement néfaste qui est prodigué en toute impunité. Toute personne qui s’intéresse à cette question peut constater que cet enseignement est donné aussi bien dans les mosquées que les écoles coraniques qui se trouvent à l’intérieur de ces mosquées, ainsi que sur les réseaux sociaux et dans les ouvrages religieux destinés aux enfants. Il apparait clairement que cet enseignement est diffusé à grande échelle auprès des musulmans sans la moindre intervention de nos autorités.
Dans le cadre du débat sur l’initiative du 7 mars 2021, nous attendons une réponse aux questions légitimes que soulève le port de la burqa. Dans le cas d’une absence de réponse, cela constituerait la démonstration quasi mathématique que la position des opposants à l’interdiction de se voiler le visage ne repose pas sur une analyse rationnelle, puisqu’elle occulte les vrais problèmes. Une telle attitude empêcherait un débat serein, transparent et sans tabous.
Il y a 1 semaine
Le plus important est de barrer la route à l'islam, surtout à l'islamisation de notre société, de notre culture, de notre pays. Honte à ceux qui s'y oppose uniquement parce que c'est une (bonne) initiative de l'Union démocratique du CENTRE.
Il y a 1 semaine
Tout à fait d’accord, une initiative inutile d’un maître à penser islamophobe!
Il y a 1 semaine
Personne n'est assez naïf pour imaginer un seul instant que l'interdiction de la burqa va faire disparaitre l'islamisme radical. L'islam politique, via notamment les frères musulmans, mène en Suisse et en Europe une vraie guerre asymétrique contre les valeurs des démocraties libérales, qu'il rejette en bloc. Minarets et burqa, entre autres, font partie de ces symboles forts que l'islam politique veut - voulait en ce qui concerne les minarets - inscrire dans la réalité de la Suisse. Parallèlement, ils souhaitent imposer une vision conservatrice de l'islam aux populations musulmanes en Suisse et en Europe, et nous faire croire qu'il n'existe pas d'alternative "au vrai islam" dont ils détiennent seuls la vérité. La loi anti-terroriste représente un moyen efficace, que complètera l'interdiction de la burqa, après celle des minarets. A l'instar de toute guerre asymétrique, elle nécessite des contre-mesures qui intègrent de nombreux paramètres de la vie sociale et politique. Dans les années 60, le président égyptien Nasser l'avait bien compris en rejetant la requête du fondateur des frères musulmans, Hassan El-Banna qui voulait imposer le voile islamique aux Egyptiennes. Nasser lui répondit qui si lui, El-Banna, ne parvenait pas à faire porter le voile à sa fille étudiante en médecine, il ne voyait pas comment imposer le voile à dix millions d'Egyptiennes. Comme quoi ni le port du voile, ni la burqa relèvent de la foi, mais bien plutôt de traditions culturelles qui sont totalement étrangères à nos démocraties libérales, et s'opposent frontalement aux qualités du vivre ensemble en Suisse et en Europe.
Il y a 1 semaine
Quelle hypocrisie que tout cela! On veut changer notre constitution pour une trentaine de burquas portées en Suisse alors qu'une autre charia, sanitaire, impose le port du masque, totalement contraire à notre culture du sourire et de l'échange, à plus de 7,5 millions de Suisses si on ne compte pas les plus petits enfants. Plutôt que de s'occuper de la brindille dans l'œil du voisin, tâchons d'enlever la poutre que notre Conseil Fédéral avec ses pouvoirs extraordinaires a mis dans nos yeux. La trentaine de femmes portant la burqua (dont j'en connais une qui le fait de son plein gré) doit rigoler sous voile...
Il y a 1 semaine
D'un coté on a une pratique courante et bien acceptée par la population: se couvrir le visage, par exemple pour aller faire du ski, de la moto, célébrer le carnaval, ou actuellement se protéger contre un virus. Or cette modification constitutionnelle entends interdire la pratique en prenant soin d'exclure tout les cas usuels. Autrement dit un non-changement... ou presque.
Inspiré par la campagne de ses auteurs, le débat public tourne autour du salafisme-djihadisme, et la pratique des femmes adeptes de cette doctrine: se couvrir le visage par un niqab (et non une burqa). Les auteurs de l'initiative espèrent stopper le terrorisme djihadiste.
Concrètement le simple fait que cette initiative soit médiatisée (jusque sur al-Jazeera et Washington Post) pourrait servir de prétexte pour des djihadistes quelque part dans le monde d'évoquer la légitime défense contre une discrimination des membres de leur communauté et s'inviter chez nous. Si ca arrive ca sera un auto-goal et je remercierai les auteurs de cette initiative insensée !