Cannes, cette année, ce sera le festival des frères Coen
revue de presse
Les deux célèbres cinéastes présideront le jury sur la Croisette en mai prochain. Un choix prestigieux, que les médias accueillent avec délectation

«Chouette?» se demande Metronews. Rectifiant tout aussitôt: «Non, doublement chouette!» Les cinéastes Joel et Ethan Coen, auteurs de chefs-d’œuvre comme Barton Fink (Palme d’or en 1991), Fargo ou The Big Lebowski, coprésideront donc le jury du 68e Festival de Cannes. Celui-ci aura lieu comme d’habitude au mois de mai, du mercredi 13 au dimanche 24. «Avec enfin un palmarès à la hauteur de leur talent!» s’exclame un internaute sur la page Facebook de la manifestation.
Aux yeux de tous, c’est une «bonne nouvelle», qu’accueillent avec enthousiasme le site Cinemateaser et le réseau Twitter, où l’on s’amuse aussi beaucoup:
Fumeur ou non, le président est «bicéphale», selon la curieuse tournure du Parisien. De quoi justifier le tour du monde qu’a fait la nouvelle, très rapidement ce mardi matin, prouvant une fois de plus la renommée du festival qui fait rêver depuis 1946. Les Coen, eux, ne travaillent pas ensemble depuis si longtemps, mais depuis assez de temps pour qu’on ne sache «plus très bien qui fait quoi dans ce duo unanimement salué du cinéma américain».
Est-ce la première fois de l’histoire du festival que deux personnalités officient dans cette fonction? Oui, disent les agences. Ce n’est pas tout à fait vrai, comme le rappelle France Inter, puisque l’édition 1994, notamment, avait été marquée par une présidence qui n’était pas «incarnée par un seul artiste, mais par un couple. Deux légendes à la longévité d’exception, Clint Eastwood (président) et Catherine Deneuve (vice-présidente, une fonction crée pour l’occasion). Clint économise sa parole et dit des mots qui engagent peu, Catherine est bavarde et cherche toujours à être au plus près de ce qu’elle pense», avaient écrit Les Inrocks en 2010.
Chéris de la critique
«Les frères Coen ont été sélectionnés 11 fois à Cannes, dont 8 fois en compétition», a calculé le site FimdeCulte. «Ces chéris de la critique et des festivals, vainqueurs de 138 prix dans le monde» selon la très référentielle Internet Movie database (IMDb), «sont désormais populaires dans les salles, et leur complicité a rarement été prise en défaut», aux yeux de Paris Match. «De quoi faire tourner les esprits», ajoute Atlantico.
Agés de 60 et 57 ans, ces «figures d’un cinéma d’auteur subtil et pince-sans-rire» – la formule est de France 24 – ont réagi de manière amusante à l’annonce de la nouvelle, communiquée par le président de la Croisette, Pierre Lescure, et le délégué général, Thierry Frémaux de devenir le(s) président(s) de la 68e édition du Festival: c’est «d’autant plus un honneur que nous n’avons jamais été présidents de quoi que ce soit». Ils entendent donc logiquement faire «plein de déclarations de présidents». Ce sera sans doute très drôle.
Les autres frères
En cette année 2015, qui est celle de la célébration des 120 ans de l’invention du Cinématographe Lumière, le Festival de Cannes veut saluer, à travers les Coen, l’œuvre de tous les frères du cinéma qui, depuis Louis et Auguste Lumière, ont enrichi son histoire, peut-on lire sur le site de la manifestation phare du septième art. Par exemple Paolo et Vittorio Taviani, palmés d’or en 1977 avec Padre padrone; et bien sûr Jean-Pierre et Luc Dardenne, deux fois lauréats de la récompense suprême, en 1999 et en 2005, respectivement pour Rosetta et L’Enfant.
«Ce n’est pas un poisson d’avril», dit (en janvier!) le commentaire bizarre de Télérama, mais «il y aura bien deux présidents sur la Croisette. […] Ce sera – pardon, ce seront – les cinéastes américains Joel et Ethan Coen.» Selon le magazine, c’est «une première dans l’histoire des festivals et, évidemment, une organisation à revoir: les voix des présidents compteront-elles quadruple?» En ajoutant, non moins bizarrement: «Depuis Liège, les frères Dardenne reprennent espoir sur leurs chances de présider un jour la manifestation.»
Comme un seul homme?
On répondra, via le Cineblogwood, que c’est là précisément «la question posée par Thierry Frémaux aux frères Coen et qui les a bien fait marrer»: «Allez-vous voter comme un seul homme?» Si c’est le cas, huit jurés rejoindront Joel et Ethan. Si, en revanche, chaque frérot tient à garder sa liberté d’expression, seuls sept jurés seront nommés.»
Quel enjeu, quel enjeu!
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