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La capture du CO2, un objectif collectif

OPINION. La capture et le stockage de CO2 sont une solution indispensable à développer pour combattre le changement climatique. Bonne nouvelle: la communauté académique y met toutes ses forces, constate l’association d’étudiants Carbon Team, de l’EPFL

L’EPFL dispose depuis 2019 d'une centrale thermique qui chauffe et rafraîchit le campus grâce à l’eau du lac et à la chaleur dégagée par son centre de données. Une étape indispensable en vue d’atteindre la neutralité carbone. — © EPFL
L’EPFL dispose depuis 2019 d'une centrale thermique qui chauffe et rafraîchit le campus grâce à l’eau du lac et à la chaleur dégagée par son centre de données. Une étape indispensable en vue d’atteindre la neutralité carbone. — © EPFL

Ce texte fait partie d'une semaine spéciale de débats consacrés aux défis économiques de la crise climatique.

Chaque année, l’effet du changement climatique se fait sentir de plus en plus. Le mois d’octobre 2022 est un des mois les plus chauds enregistrés en Suisse et on s’attend à ce que les étés deviennent de plus en plus secs et les hivers de plus en plus arrosés. Et le pire est encore à venir.

Face à cette menace existentielle, quelle est la solution? Comme le précise le sixième rapport du GIEC, les plus grands efforts doivent être focalisés sur la réduction de 90% des émissions actuelles, notamment grâce à la production d’énergies renouvelables. Une énorme quantité d’ingéniosité humaine est requise pour résoudre ce problème. Les scientifiques sont en train de développer des nouvelles technologies qui permettent de limiter les émissions, que ce soient de nouveaux moyens de transports électriques, des méthodes plus efficaces d’isolation des bâtiments et de nouvelles possibilités de stockage d’énergie à grande échelle.

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Une attention particulière est attribuée par la communauté aux technologies qui permettent de capturer directement le CO2 à la source. Pour certaines émissions, comme la production de ciment ou celles causées par l’industrie chimique, le CO2 est un dérivé direct des étapes de synthèse. Pour d’autres émissions, comme celles issues de la production d’acier, il est majoritairement causé par l’utilisation d’énergies fossiles pour la génération de chaleur. En attendant les avancées technologiques nécessaires pour produire du ciment «propre» ou le déploiement à grande échelle des sources de chaleur renouvelables, il demeure nécessaire d’utiliser des filtres qui captent le CO2, à la sortie des usines, pour répondre aux critères de l’accord de Paris sans limiter la production.

En outre, les technologies à émission négatives, comme la capture du CO2 dans l’air ou l’afforestation, permettent d’absorber les émissions résiduelles et de compenser les dégâts, dans l’atmosphère ou dans les océans, liés au CO2 émis historiquement. La capture de CO2 est aujourd’hui l’un des outils essentiels qui devrait être déployé à très grande échelle pour combattre le réchauffement climatique.

Faisant partie de la communauté de l’EPFL, j’ai eu une première expérience du développement de telles technologies dans le monde académique. La recherche fondamentale s’active autour de ce sujet et plusieurs professeurs renommés cherchent à créer de nouveaux matériaux novateurs comme des membranes en graphène. Ils permettent d’être encore plus performants que les matériaux existants et de limiter drastiquement les coûts énergétiques associés. Lors de la création de l’EPFL Carbon Team, une association étudiante dont le but est de coordonner les efforts du campus autour de la capture de CO2 et de combiner les technologies développées au sein de ses laboratoires, nous avons été étonnés par le soutien incroyable accordé à ce projet, que ce soit par les dirigeants, les chercheurs ou les étudiants de l’EPFL. Ceci prouve que les scientifiques actuels et ceux du futur sont conscients de l’engagement nécessaire pour limiter l’augmentation de la température globale, et ils sont prêts à s’y investir avec l’énergie requise.

L’EPFL Carbon Team participe aussi à la compétition Xprize Carbon Removal, financée par Elon Musk. Elle offre une bourse de 100 millions de dollars, le plus grand incitatif financier de l’histoire. Ce type de motivation est parfait pour encourager tous les innovateurs du monde à développer de nouvelles technologies encore plus performantes. La taille du défi signifie qu’une seule approche ne suffira pas. Nous avons besoin de toutes les contributions possibles, et c’est en les additionnant qu’on pourra faire une brèche dans les taux de concentration de CO2 globaux.

Devant l’un des problèmes majeurs auxquels l’humanité fait face aujourd’hui, il faut rester optimiste. Nous avons foi en l’humanité car, ensemble, nous trouverons les solutions.