Il était une fois
AbonnéOPINION. Les noms sont des mots de passe. Les noms changés le sont aussi. Ils permettent de passer sans se faire prendre dans les affres du passé ou les illusions du futur, écrit notre chroniqueuse Joëlle Kuntz

Depuis janvier, le Parti démocrate-chrétien suisse, fusionné avec le Parti bourgeois-démocratique, s’appelle Le Centre. Plus de chrétien, plus de bourgeois, on débarrasse, on allège les bagages, adieu le passé. Ce n’est pas facile d’inventer l’avenir mais croire qu’il y en a un est la première condition. Lui donner un nom la deuxième. Après le baptême, il faut tenir. Eviter les dérives. Un collage du poète dessinateur Marcel Miracle décrit bien le danger: «cercle avec centre à la périphérie».
Le Parti socialiste français ne veut plus s’appeler socialiste. Il cherche un autre nom. Les membres, les amis, les intellectuels, les artistes sont invités à plancher sur une dénomination qui dira à la fois le programme s’il y en a un et l’élan quand sera donné le signal de départ. Il s’agit d’une «refondation». En France, on refonde à chaque génération. En 1969, le parti sur lequel misait François Mitterrand s’appelait encore Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO). Il est devenu Parti socialiste au Congrès d’Epinay de 1971. Il a tenu près de cinquante ans, jusqu’à François Hollande. La droite française n’a pas eu cette constance, ses noms ont changé au fur et à mesure que changeaient ses dirigeants. Les partis, dans cette République, sont des machines à promouvoir un chef. Ils changent de nom comme de chef, se réinventant à chaque fois. La France est toujours un projet.