Opinion
AbonnéOPINION. Une guerre idéologique entre les «pour» et les «contre» du «tout numérique» se développe. Pour la professeure et directrice du Swiss Cybersecurity Advisory and Research Group à l’Université de Lausanne, Solange Ghernaouti, cette confrontation exclut la possibilité d’une voie médiane, celle d’un numérisme raisonnable

Avec le confinement, beaucoup de personnes se sont interrogées sur le monde d’après, toutefois la majorité des réflexions n’a pas concerné le numérique. Cet écosystème et ses principaux acteurs sont sortis renforcés de la crise sanitaire. Le solutionnisme technologique continue de séduire certains dirigeants et consommateurs. La société s’organise et poursuit son développement au travers du numérique, sans pour autant questionner les nouvelles dépendances sociotechniques et vulnérabilités qu’il engendre. Les coûts écologiques et humains, les capacités de déstabilisation sociale, économique et politique du numérique sont encore insuffisamment pris en compte. De plus, peu de considération est accordé aux risques sanitaires et environnementaux liés à l’extraction polluante des terres rares, à leur traitement – séparation, raffinage, transformation –, au coût du transport lié à leur exportation – matériel brut – pour leur transformation, leur réexportation, leur importation en produits finis vers des pays consommateurs.