ÉDITORIAL. Xi Jinping promulgue une loi sur la sécurité nationale à Hongkong sans aucune consultation. Il peut jouer sur la corde nationaliste en l’absence des Etats-Unis de la scène internationale

En promulguant une loi sur la sécurité nationale à Hongkong sans la moindre consultation de ses habitants, Xi Jinping passe en force et démontre que, pour Pékin, le temps n’est plus aux tergiversations. Dans le principe «un pays, deux systèmes», imaginé il y a quarante ans pour le retour de Hongkong alors que la Chine était encore pauvre, le premier terme de l’équation l’emporte désormais fermement sur le second. L’ex-colonie va donc se fondre dans l’ordre sécuritaire du parti unique dès ce mercredi, date du 23e anniversaire de la rétrocession. Et les libertés chères aux Hongkongais basculent dans l’arbitraire, qui est déjà la règle en Chine continentale.
Lire l'article lié: Pékin étend son emprise sur Hongkong
Pour beaucoup de Hongkongais, c’est un choc. Ce devrait aussi l’être pour la communauté internationale, qui se voit confrontée à une Chine qui pousse l’avantage sans plus de précaution. Car il n’y a pas qu’à Hongkong que Pékin muscle sa politique. Le récent pugilat meurtrier dans l’Himalaya est un défi posé à New Delhi pour redessiner les frontières entre les deux pays. Il en va de même sur tout le pourtour de la mer de Chine du Sud.
A l’ONU, la diplomatie chinoise domine les débats et impose son agenda. C’est d’ailleurs dans l’enceinte du Conseil des droits de l’homme, à Genève, que la cheffe du gouvernement de Hongkong, Carrie Lam, s’est exprimée hier par visioconférence sur la nouvelle loi avant même de s’adresser à ses concitoyens, réduisant Hongkong à une simple pièce du jeu diplomatique chinois.
Ces initiatives représentent toutefois un risque pour Pékin, celui de favoriser une coalition d’Etats pour faire barrage à ses ambitions. Si le pouvoir chinois est prêt à le prendre aujourd’hui, cela s’explique d’abord par les fragilités internes du régime: le ralentissement de l’économie, mise à l’arrêt par le Covid-19, pourrait déboucher sur une explosion des mécontentements.
Raviver la flamme du nationalisme, principale source de légitimité du parti, reste la bonne parade. Il y a un autre facteur, tout aussi important, dans ce calcul: la marginalisation des Etats-Unis de Donald Trump. La fenêtre d’opportunité offerte par l’actuel locataire de la Maison-Blanche, qui a si bien servi les desseins de Xi Jinping depuis quatre ans, pourrait bientôt se refermer avec les élections de novembre. Ces prochains mois, Pékin va chercher à engranger tous les gains possibles avant un retour de Washington sur la scène internationale.
Lire également: Le jour où Hongkong a été «harmonisée»
Vos contributions
connexion créer un compte gratuit
Il y a 6 mois
Et finalement les hongkongais deviendront des chinois comme les autres... End of the game. Un retour de Washington ? Faudrait il encore que l'espace Shengen puisse être à nouveau ouvert aux ressortissants des US, d'ici là, une autre phase de quarantaine semble probable aux seins de nos frontières nationales... "européennes".
Il y a 6 mois
Je m’interroge souvent sur les ambitions que nourrissent ces régimes autoritaires. Qu’espèrent-ils accomplir alors que même leurs propres citoyens sont placés au second plan ? Il me semble que l’histoire a toujours fait sombrer ces dictatures, fragmentant les territoires, révélant les malheurs d’une majorité et laissant des plaies pour des dizaines d’années... Croient-ils qu’ils feront mieux ? Veulent-ils juste laisser leur triste marque dans l’histoire ? Ça me dépasse...
Il y a 6 mois
Il est assez gentil, ce Msieur Koller.
Il nous en compte des vertes et des pas mûres sur la Chine, (voire Israël) mais jamais sur les US
Il y a 6 mois
Je vis à HK depuis 3 ans et cet article reflète parfaitement la situation. Xi a su profiter de la faiblesse de l'admistration américaine et du COVID19 avec les interdictions de se regrouper et donc de manifester. La police et les forces spéciales (raptors) sont en présence très forte chaque jour où il y a un moindre risque de protestation et dès que des petits groupes plus grand que la limite imposée (4, puis 8, puis 12, ...) ils sont arrêtés illico presto. J'en ai été le témoin à plusieurs reprises ces dernières semaines au centre ville. Des gamins, mains attachées dans le dos alignés assis par terre avant d'être emmenés dans les paniers à salade.
Il est maintenant venu le temps de la résignation. Les "fauteurs de troubles" - l'interprétation par le PCC ne fera auncun doute - risquent la prison à vie.
La prochaine étape affichée est la prise en main de l'éducation: patriotisme et apprentissage obligatoire de l'"histoire" de la grande Chine, de l'hymne national La Marche Des Volontaires et soumission au drapeau chinois.
Les Hongkongais qui ont eu la chance de recevoir le passeport UK lors de la rétrocession en 1997 (quelques milliers faisant parties de l'élite et leurs déscendants) considèrent de plus en plus sérieusement à quitter leur ville.
Il est assez triste d'être le témoin du basculement historique de cette ville cosmopolite, vibrante, unique.
Il y a 6 mois
Le PCC et ses serviles serviteurs devront assumer l’entière responsabilité de cette trajectoire. Elle pourrait aussi être partagée par l’occident et quelques unes de ses entreprises avides de business. On dit que l’argent n’a pas d’odeur et pourtant les effets peuvent être potentiellement désastreux.
Il y a 6 mois
Entre les USA et la Chine, mon choix est fait... J'espère que nos frères américains arriveront à contenir ce monstre....
Il y a 6 mois
On aimerait la même approche critique, sur d'autres sujets, sur l'UE et les Etats-Unis.