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La chronique. C'est l'été, lâchons prise

AvenirSuisse présentait récemment un intéressant dossier visant à

AvenirSuisse présentait récemment un intéressant dossier visant à réformer le fédéralisme sur la base de cinq grandes métropoles qui concentrent aujourd'hui le dynamisme économique et culturel du pays. La carte produite pour illustrer ce propos représente cinq taches de couleurs différentes pour Zurich, Berne, Bâle, la région lémanique et le Tessin urbain. Forte de ce constat, l'étude invite à instaurer une nouvelle structure politique pour ces agglomérations, structure évidemment supra-communale et supra-cantonale, avec ses propres représentants élus et son administration… Et voilà qu'on en remet une couche alors qu'il faudrait au contraire alléger le fédéralisme et le rendre plus souple. A la décharge des auteurs, qui n'en pensent pas moins, ils ont renoncé à prôner les fusions de cantons, sachant bien que nul dans ce pays n'y est vraiment prêt. Dommage, car c'est pourtant une proposition intellectuellement plus acceptable.

Mais c'est cette fameuse carte qui nuit le plus à leur réflexion, en soi légitime. Car, hormis les taches de couleurs, le reste du pays est soit représenté comme un no man's land blanc, symbole de la virginité de ces terres désertées (le Valais, Neuchâtel et le Jura, de même que la Suisse centrale), soit est confondu avec la métropole la plus proche au point de n'avoir plus d'autre identité que l'anonymat des banlieues (l'Argovie par exemple). Or, la Suisse est étrangère à ce type de raisonnement qui entérine plutôt qu'il ne combat le déséquilibre constaté sur le territoire, risquant évidemment d'en accélérer le processus. En opposant régions prospères et zones défavorisées, en offrant à certains des outils politiques leur garantissant un statut d'exception, on heurte de front le fédéralisme qui exige, ne l'oublions pas, que tous profitent les uns des autres et qu'aucun ne puisse survivre seul. En un mot, que tous soient assez faibles pour avoir besoin d'aide et qu'aucun ne soit assez fort pour faire sécession. L'étude d'AvenirSuisse propose au contraire que ces agglomérations, en unissant leurs destinées, puissent se passer de l'arrière-pays qui deviendrait ainsi un poids mort au lieu d'une force complémentaire. Le découpage cantonal actuel est sans doute excessif, mais il présente l'avantage d'unir sous une identité commune des régions aux fortunes disparates, favorisant une solidarité qui renforce les faibles au lieu de les exclure. Aucune réforme du fédéralisme ne saurait attenter à cela car, sur un territoire aussi exigu que la Suisse, il est indispensable de vivifier chaque région et d'en tirer parti.

Mais, l'été est là. Il fait enfin beau et chaud. Dans ces agglomérations si enviables, les vieillards sont en danger de déshydratation et d'autres meurent sans que nul ne s'en aperçoive tandis que les citadins, enfin libérés, se ruent sur les zones blanches de la carte pour y trouver un repos bien mérité. Alors, bon été à tous et rendez-vous à début septembre!