La loi passera, bien entendu, et les embryons surnuméraires issus de la procréation assistée seront donc exploités. La science fera de nouvelles avancées pour soigner Alzheimer ou Parkinson, ces maladies dégénératives touchant essentiellement les vieillards qui, grâce aux cellules souches, renouvelleront leurs tissus déficients. Nous manquerons ainsi très vite d'embryons (dans le cas contraire, la loi n'aura pas été respectée) et il faudra trouver les moyens d'en obtenir plus, au nom des mêmes arguments qui, aujourd'hui déjà, ont acquis valeur de raison. Les discours actuels faisant miroiter la sécurité des procédures ne servent donc qu'à endormir les consciences et à leur faire baisser la garde.
La victoire de la matière sur l'esprit est désormais consommée. Il est admis que le corps est une machine complexe, assemblage de mécanique, de chimie et d'électronique fine, qu'il est légitime de réparer, d'entretenir, de bichonner à tout prix. Le marché des pièces de rechange va d'ailleurs bon train et la facture de la santé nous fait déjà rouspéter autant qu'autrefois celles de nos garagistes. Mais nous oublions, dans cette course effrénée contre la mort, que les robots n'ont pas d'âme et donc pas d'immortalité. Nous disparaîtrons demain à 120 ans plutôt qu'à 80 aujourd'hui, mais ce sera alors définitif. Plus de vie éternelle, plus de jugement ni de rédemption, plus de mystère, plus d'espérance! 120 ans d'existence sans signification, sans perspectives et sans valeur! 120 ans sous Prozac, le nouveau châtiment de Prométhée!