Deux raisons s'opposent au nouvel emblème. La première est qu'il ne faut pas multiplier les signes, au risque justement que cela n'en soit plus. Un des sept principes fondamentaux de la Croix-Rouge est l'universalité. Comment y parvenir si, dans chaque pays, au gré des belligérants, se superposent les images censées assurer la protection des blessés, qui finissent par induire une espèce de concurrence bien éloignée de l'idéal de Dunant! La seconde est que la Suisse doit cesser de brader son patrimoine au gré des revendications de toutes sortes auxquelles elle est confrontée.
Notre pays a peu de chose pour construire son image internationale: territoire exigu, matières premières rares, industries en disparition, banques controversées, chocolat concurrencé, histoire modeste… La Croix-Rouge est un fleuron incontestable, qui parle partout de la neutralité active qui est notre philosophie et qui, Mme Calmy-Rey l'a bien compris, est la base de nos activités internationales. La Croix-Rouge fait partie de notre histoire, il faut maintenir la mémoire de son origine.
C'est pourquoi, au lieu de superposer les emblèmes, il faudrait décider courageusement de revenir à la seule croix rouge, signifiant ainsi un retour aux origines du CICR créé sur le principe de l'universalité et de l'impartialité. «La Croix-Rouge ne fait aucune distinction de race, de nationalité, de religion, de condition sociale ou d'appartenance politique»: n'est-ce pas suffisant, et préférable à l'anonymat aseptisé d'un losange sur la pointe, machin rouge sans signification ni symbolisme?