Imaginait-il que 34 prétendants seraient, quarante-cinq ans plus tard, sur la ligne de départ d'une course dont la première étape est fixée au 22 avril? Il y aura certes du déchet d'ici l'ouverture officielle de la campagne. Certains ne réussiront pas à réunir les 500 signatures d'appui; d'autres seront découragés par l'ampleur de l'entreprise et la modicité de leurs espoirs et de leurs moyens. Il en restera cependant assez pour que l'électeur vote inutile, quand il ne baissera pas les bras devant une liste aussi fournie. La gauche est plus particulièrement menacée par un éparpillement des voix. A droite, les adversaires de Nicolas Sarkozy manifestent depuis peu l'intention de lui jeter dans les jambes un ou une rival(e) à effet dispersant.
Quelle que soit la situation en 2007, la modification de ce carrefour-clé de la vie politique française est à l'étude. Les propositions avancées par les constitutionnalistes portent sur le nombre des parrainages exigés, sur la durée du mandat présidentiel et son renouvellement, sur l'étendue, aussi, des pouvoirs du monarque républicain. Pour un pays comptant 36 785 communes, la suggestion du Conseil constitutionnel d'élever de cinq cents à mille le nombre des signatures de maires requises pour valider une candidature ne semblait pas déraisonnable. Elle n'a toutefois pas été retenue. L'introduction mal réfléchie du quinquennat plonge la France en campagne électorale permanente et l'articulation des compétences entre le président et son premier ministre est si mal agencée qu'il s'en suit régulièrement du cafouillis.
De cela, il n'est pourtant pas question dans le débat actuel. Née de l'incapacité de donner une réponse autre que militaire à la revendication d'indépendance des Algériens, la Ve République, bientôt cinquantenaire, peine à se réformer. Elle va à la petite semaine vers une mêlée qui tiendra davantage du rugby que de l'affrontement sur le court démocratique.