Le changement doit réussir son passage aux années 20
Conférence de conciliation
OPINION. Le scrutin qui donnera le verdict sera celui de l’initiative pour des multinationales responsables. L’année 2020: des promesses à concrétiser, sans attendre dix ans

Il s’est passé quelque chose. L’année qu’on vient de vivre est comme une secousse qui a déplacé la Suisse, voire un bout de notre planète, si l’on parle climat. Et pourtant, il ne s’est encore rien passé, ou si peu. L’urgence du changement s’est exprimée, a rebrassé les cartes des majorités parlementaires à décrocher, mais elle ne s’est pas encore concrétisée.
Trop souvent, des mouvements ont jailli, étincelé puis, le temps faisant son œuvre, se sont dispersés dans des institutions avides de statu quo. Au tournant des années 20, je me lève avec des fourmis dans les pieds. Comment faire des dix années à venir celles de l’éthique et de la cohérence? A mon grand dam, pas par le Conseil des Etats. En tout cas jusqu’à nouvel ordre. Le renouveau a eu beau faire les gros titres, ce dernier s’enorgueillit encore de sa tradition savamment perpétuée.
Au point mort
Et si seulement il ne s’agissait que des us et coutumes de la chambre de réflexion. Mais il en est de même pour son conservatisme légendaire. Contamination de l’eau aux métaux lourds, travail des enfants dans des mines, expulsion violente de paysannes de leurs terres ancestrales, pollutions de l’air au soufre. Ce sont des situations qui découlent de l’activité de nos multinationales. «Nos», parce qu’elles sont établies en Suisse, ce qui nous mouille dans ces affaires, nous aussi. Depuis 2015, l’initiative pour des multinationales responsables vise à ce que ces sociétés soient tenues responsables des violations des droits humains ou de la destruction de l’environnement de leurs filiales à l’étranger.
Une demi-décennie de tribulations parlementaires plus tard, la discussion est au point mort, pendant que nos voisins européens prennent décision sur décision pour poser un cadre à cette globalisation peu scrupuleuse. Mais au Conseil des Etats, rien ne bouge. Et le profit prime. Quitte à se marginaliser une fois de plus avec des pratiques douteuses, alors que le spectre du secret bancaire plane encore. Alors rendez-vous sera certainement pris avec les urnes en novembre. Avec vous. Pour la première occasion de concrétiser ce que 2019 scandait: responsabilité, cohérence et changement.
J’espère que nous serons nombreux à avoir la conscience qui démange au moment de faire une croix sur nos bulletins de vote.
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Au Conseil des Etats, la force de la tradition orale, parole de nouvelle arrivée
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