Le congé paternité, jamais une priorité
Conférence de conciliation
La course au Conseil fédéral bat son plein. Assaillis de questions en tout genre, nos aspirants gouvernants n’hésiteront pas, ces prochaines semaines encore, à disserter sur l’importance et le bien-être des nouvelles générations. Mais que pensent-ils au juste de l’introduction d’un congé paternité?

Que ce soit clair d’emblée. Si cette chronique de rentrée s’intéresse à la question du congé paternité, ce n’est pas (seulement) parce que je suis directement concernée, moi qui suis une nouvelle fois maman depuis peu. Que personne ne craigne qu’un pic hormonal n’ait influencé ma capacité de jugement. Le développement de la politique familiale suisse me tient à cœur depuis longtemps. Avec le dépôt récent d’une initiative populaire, le congé paternité, serpent de mer de la politique fédérale (trente interventions en treize ans, tout de même), occupera à nouveau le parlement prochainement, avant que le peuple ne se prononce pour la première fois.
Une cuillère pour papa…
Alors, en suivant le feuilleton de l’été qu’est la course à la succession de Didier Burkhalter, j’ai lu avec beaucoup d’intérêt l’avis des candidats à la candidature du PLR sur la question. Beaucoup d’intérêt… mais surtout, très rapidement, une grande lassitude. Evasive, Isabelle Moret préconise de «trouver des solutions». Tout en rejetant dans le même temps les modestes vingt jours proposés par l’initiative, bien faibles pourtant en comparaison internationale. . Quant à ces messieurs Maudet et Cassis, ils proposent tout bonnement de sucrer une partie du congé maternité pour l’offrir aux hommes. Ben voyons, c’est bien connu, les quatorze semaines octroyées aux mères sont comptées large. Quelques-unes pour papa, et hop, le tour est joué, un problème sociétal de réglé!
Et le quota de pères modernes?
Cette fois encore, la campagne pour l’élection au Conseil fédéral aura été l’occasion de passer au crible les nuances – la plupart du temps bien ténues – qui distinguent les candidats sur les grands sujets du moment. On aura par ailleurs beaucoup ergoté sur les quotas de femmes, de jeunes, de Tessinois, de parents au Conseil fédéral. On aura débusqué quelques liens d’intérêts plus ou moins occultes. En revanche, pour le quota de candidats désireux d’adapter la disposition de 1971 du Code des obligations aux réalités des familles, on repassera. De toute évidence, cela ne figurera pas parmi les priorités de la personne qui sera élue. C’est vrai qu’un seul jour de congé pour les pères, c’est déjà tellement généreux…
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