En voyant la résolution finale signée ce week-end par les pays présents à Charm el-Cheikh, et en me souvenant de Glasgow l’année dernière, je me demande si un vrai échec ne vaut pas mieux qu’un faux succès. Essayer malgré toutes les apparences de présenter une conférence du climat comme une réussite n’est qu’une incitation directe à valoriser la médiocrité. L’année passée, l’Inde et la Chine avaient exigé en dernière minute qu’on remplace dans le texte final les mots «sortir du charbon» par «diminuer le charbon». Le président de la COP26 avait accepté, en larmes, pour éviter de priver le Royaume-Uni du succès politique dont il rêvait. On aurait pu attendre de lui le courage de refuser et de décréter officiellement un échec. Quel électrochoc cela aurait été pour le monde! Un appel à une véritable ambition, en prenant l’opinion publique à témoin. Les organisateurs des conférences suivantes n’auraient plus jamais osé considérer un succès comme acquis. Mais maintenant, on peut craindre que ce soit chaque fois pire, puisque les parties en présence comprennent qu’on n’attend d’eux que le minimum. C’est comme cela que je comprends le manque d’ambition de la COP27 et que je tremble à l’idée de la COP28.