Genève Aéroport, des solutions face à l’incantation
Opinion
OPINION. Genève Aéroport entend poursuivre sa politique de développement durable, avec une ferme volonté de soigner sa dimension environnementale, écrit Corine Moinat, présidente du conseil d’administration de Genève Aéroport, alors que les Genevois voteront bientôt sur son avenir

Les évolutions du climat nous préoccupent tous. Genève Aéroport n’a pas attendu les premières sirènes internationales pour agir. Bien avant le sommet de Kyoto en 1992, notre aéroport avait intégré cet enjeu. A quelques mois de notre centenaire et alors que certaines personnes estiment que nous serions sourds aux appels du peuple, un point de la situation s’impose.
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17 millions par an
Au cours du siècle passé, des architectes genevois ont en effet imaginé puis réalisé un aéroport novateur. Le kérosène est par exemple acheminé depuis le sud de la France, directement dans les ailes des avions, par un réseau de canalisations souterraines. Transporté par pipeline depuis Fos-sur-Mer jusque dans les citernes de Vernier, puis réorienté sous le tarmac jusque dans les réservoirs des aéronefs, l’hydrocarbure distribué à l’aéroport ne connaît donc pas les transports routiers. Des millions de tonnes de CO2 sont ainsi économisées depuis des décennies. Sous le tarmac, d’autres canalisations permettent de distribuer aux avions l’électricité dont ils ont besoin, afin de fonctionner en position de parcage. Les cockpits sont ainsi alimentés en énergie pour se chauffer, se refroidir et faire fonctionner les instruments de bord, sans recourir aux moteurs auxiliaires, particulièrement bruyants et émetteurs de CO2 (28 000 tonnes économisées par an).
Au fil des années, cette infrastructure est perpétuellement rénovée et étendue. Notre aéroport investit plus de 17 millions de francs par an pour la protection de l’environnement et cet engagement ne se limite pas à la seule distribution d’énergie. Plus de 51 millions ont été consacrés à l’insonorisation de bâtiments situés à proximité de l’aéroport et cette enveloppe sera portée à 130 millions jusqu’en 2030. Ces quelques exemples illustrent très concrètement notre action pour le climat et l’environnement.
L’indignation est constructive lorsqu’elle accouche de solutions
En marge des débats légitimes sur le rôle du monde aéronautique dans l’évolution du climat, nous ne sommes pas restés les bras croisés. Après cinq années d’intenses consultations et tractations, le Conseil fédéral a adopté, en novembre dernier, une stratégie qui permettra de réduire fortement notre empreinte environnementale. Le Conseil d’Etat a par la suite précisé cette feuille de route, en se dotant d’une nouvelle convention d’objectifs qui renforce la gouvernance de l’aéroport. Cette stratégie offre le mérite d’être précise. Le parlement l’a reconnu et a rejeté l’initiative 163, qui ignore ces réalités politiques, en proposant un contre-projet crédible. Ce dernier facilitera la mise en œuvre de ce travail d’orfèvre mené par nos autorités cantonales et fédérales.
Mieux protéger les riverains
Les actions seront plus particulièrement portées sur la diminution de nos nuisances sonores, sans toutefois occulter d’autres enjeux importants, comme l’accessibilité à la plateforme. En 2030, nous retrouverons les valeurs de bruit que nous connaissions en 2000. Cette volonté formule le pari réaliste d’un renouvellement de la flotte et passera notamment par des mesures incitatives ciblées afin de mieux protéger les riverains en périodes nocturnes. A cette fin, l’aéroport vient de soumettre une révision de son règlement d’exploitation. Les autorités tirent donc toutes à la même corde. Avec les 33 600 emplois qu’il génère et sa plus-value économique annuelle de 4,1 milliards pour la région, Genève Aéroport entend poursuivre sa politique de développement durable, avec une ferme volonté de soigner sa dimension environnementale.
Face à l’initiative 163, qui fait fi du rôle central des instances internationales et de la gestion des aéroports internationaux par la Confédération, il s’agira de formuler le pari du fédéralisme. En votant pour le contre-projet, nous accorderons une légitimité à la coopération entre le canton, la Confédération et l’aéroport. Cette politique patiemment construite bénéficiera ainsi d’un test démocratique grandeur nature. L’indignation est constructive lorsqu’elle accouche de solutions. Le 24 novembre prochain, dans les urnes genevoises, le débat climatique devra quitter le terrain de l’incantation. Face à une initiative floue, le contre-projet offrira le mérite d’apporter de solides solutions pour notre aéroport.
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