Gwyneth Paltrow, le délice du hors-piste
La vie à 30 ans
CHRONIQUE. Après la bataille Amber Heard-Johnny Depp, c’était au tour de la gourou américaine du bien-être de faire un tour au tribunal pour une histoire insensée de chute à ski. Un spectacle aussi absurde que délicieux, note notre chroniqueuse

Quel avenir pour les retraites françaises, la démocratie israélienne ou les vert’libéraux genevois au Grand Conseil? Trêve de futilités. Cette semaine, la question à 1 million de dollars (en l’occurrence, 300 000) s'est vue débattue dans un tribunal de l’Utah: Gwyneth Paltrow est-elle un danger sur lattes?
Vous avez difficilement pu rater l’affaire mais au cas où, contexte: durant dix jours, l’actrice reconvertie en gourou du bien-être s'est défendue d’avoir causé un accident dans la station huppée de Deer Valley, en 2016. Terry Sanderson, médecin à la retraite, accusait la star de l’avoir renversé à ski, chute qui lui aurait laissé des séquelles cérébrales.
Les déballages judiciaires de célébrités vous manquaient depuis le procès Heard-Depp? Voilà leur spin-off, fiesta de lumières blafardes et de garde-robes gris-beige streamée en direct. Mais là où on parlait violences conjugales, il s’agissait ici de savoir qui schussait en amont ou en aval – et ce n’est pas aux Suisses qu’il faut expliquer lequel a la priorité. Epineux mystère, à en croire le moniteur de ski, l’expert en collision et l’ingénieur biomédical appelés à la barre.
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Au prix d’un abo demi-journée
Dans la nuit de jeudi à vendredi, le jury a rendu son verdict: Gwyneth n'a embouti personne. Peu importe: cet épisode n’aura pas aidé celle qui slalomait déjà entre les bad buzz. A la tête de l’empire wellness Goop, elle a multiplié ces dernières années les vérités pseudo-scientifiques (l’eau serait susceptible) et les produits controversés, de la bougie «senteur vagin» aux stickers anti-anxiété. Il y a quelques jours encore, elle détaillait, dans un podcast devenu viral, son menu quotidien fait de bouillon d’os et d’antioxydant administré… par intraveineuse. Résultat: une controverse plus copieuse que son régime.
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Mais la partie adverse, qui semble avoir en effet pris un coup sur la tête, n’en ressort pas plus grandie, affirmant que depuis l’accident Sanderson «n’est plus aussi charmant qu’avant» et qu’une «autre personnalité habite [s]on corps». Preuve, il goûterait moins aux dégustations de vin…
En réalité, ce procès n'a servi personne. A part nous, témoins de ce que le système judiciaire américain fait de plus givré. Il fallait voir Gwyneth Paltrow, interrogée sur ce que l’incident lui a coûté, répondre le plus naturellement du monde: «une demi-journée de ski» (elle aurait déboursé 8000 dollars pour les pass, notez). Ou complimenter les chaussures de l’avocate de la défense. Ou Sanderson admettre avoir envoyé un e-mail après sa chute intitulé «I am Famous» – ça ne s’invente pas. Ou encore la délégation de l’actrice proposer d’offrir des friandises aux huissiers («merci mais non merci», tranchera le juge à qui on ne la fait pas). Hors-piste total. Au début du procès, un avocat de Paltrow a qualifié l’accusation de «connerie sans nom». La connerie sans nom, se dit-on, serait surtout d’avoir raté le spectacle, plus ahurissant qu’un super-G.
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