La carte Air France
CHRONIQUE. Le monde s’est distendu et nos consciences ont bien du mal à vraiment suivre, s’effare notre chroniqueur Alexis Favre
Du bout du lac
Chaque semaine, le présentateur et producteur de l’émission «Infrarouge» aborde l’actualité avec une malice trempée de philosophie – et non sans une bonne dose d’humour.
J’ai sur le mur de ma chambre une gigantesque carte du monde. Une carte Air France, qui trônait dans le bureau de mon père. On y voit tout, donc on n’y voit personne. A travers la fenêtre de ma cuisine en revanche, au rez-de-chaussée, on ne voit que les quelques mètres carrés verticaux de l’immeuble d’en face. Mais on voit de très près ceux qui passent devant.
Alternant tous les jours ces deux perspectives par la force des choses, il fallait bien que je finisse par m’interroger. Ici, la presqu’île Dundas, sur l’île Melville, petite miette glaciale au nord du Canada et à l’est de ma bibliothèque, où le vert devient blanc sur la carte. Là, le pas sombre d’un vieil homme qui traverse la rue, et le sillage de ses soucis en costume bleu. L’infiniment lointain et l’infiniment proche. Quelle place pour eux dans ma conscience?
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