Chaque semaine, Gauthier Ambrus, chercheur en littérature, s’empare d’un événement pour le mettre en résonance avec un texte littéraire ou philosophique.

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L’imposant mouvement de protestation contre la réforme des retraites qui s’est déversé dans les villes françaises n’est-il que le énième épisode d’un conflit répété à intervalles réguliers depuis trente ou quarante ans? Oublions les impressions de déjà-vu. Il souffle aujourd’hui un air différent, qui donne à ces manifestations un ton neuf et, qui sait, explosif. Ce qui s’est révélé à cette occasion, c’est la fragilité du «sens du travail» lorsqu’on veut en faire la pierre de touche du sens et de la valeur de l’existence. Nos vies disparates peinent désormais à se mouler dans une carrière, aussi scintillante soit-elle. Cette maladie étrange, de moins en moins honteuse, agite depuis quelque temps les pays développés. Il aura fallu le mal-être généré par le covid pour lui conférer officiellement droit de cité.