Publicité

De Locarno aux Oscars

CHRONIQUE. Le Locarno Festival, c’est plusieurs festivals en un. C’est aussi le lieu des annonces, comme celle du film suisse en lice pour l’Oscar du meilleur film étranger: «Eldorado», de Markus Imhoof

«Eldorado», de Markus Imhoof. — © Frenetic Films
«Eldorado», de Markus Imhoof. — © Frenetic Films

Chaque année, après le temps des feux d’artifice revient celui des poncifs. Immanquablement, la Piazza Grande est qualifiée de plus belle salle de cinéma du monde, avec la voûte céleste en guise de toit. Mais bon, en même temps, il est difficile d’avancer que l’atout majeur ainsi que le symbole du Locarno Festival n’est pas sa grande place entièrement recouverte de cailloux arrondis; cette place qui figure d’ailleurs en majesté sur les nouveaux billets de 20 francs. Mais si c’est bien cette Piazza mozzafiato qui attire tous les regards, la manifestation lancée en 1946 possède bien d’autres facettes.

Locarno, c’est plusieurs festivals en un. Il y a d’abord le Locarno cinéphile, avec sa compétition internationale pointue qui a contribué ces sept dernières décennies à révéler de grands auteurs; avec aussi sa rétrospective et ses films du patrimoine, ses découvertes et ses prises de risques. Il y a ensuite le Locarno glamour, celui de la Piazza, des productions plus grand public et des stars – Meg Ryan, Ethan Hawke et Jean Dujardin cette année. Il y a enfin le Locarno professionnel, celui du réseautage. Avec d’un côté les professionnels de la profession, pour paraphraser Godard, et de l’autre ceux qu’on appelle les politiques.

Lire aussi:  Jean-Luc Godard, l’homme-cinéma

Cette année, le conseiller fédéral chargé de la Culture, Alain Berset, est venu non pas uniquement en sa qualité de responsable du Département fédéral de l’intérieur, mais aussi dans ses nouveaux habits de président de la Confédération. Même si on n’a pas vu la différence. Derrière lui, dans l’ombre, de nombreux parlementaires prenant du bon temps tout en préparant officieusement leur rentrée politique. L’année dernière, on avait ainsi beaucoup vu Ignazio Cassis et Pierre Maudet, alors en campagne pour succéder au démissionnaire Didier Burkhalter. Je me souviens même les avoir aperçus s’entretenir en tête à tête sur une terrasse pendant que j’interviewais Mathieu Kassovitz.

Lire également:  «Eldorado»: sur la route des damnés de la terre

La visibilité qu’offre le Locarno Festival, où toute la Suisse du cinéma est réunie dans quelques kilomètres carrés, permet aussi des annonces et communiqués plus ou moins fracassants. C’est ainsi qu’on apprenait vendredi soir que le film qui sera cet automne lancé dans la course à l’Oscar du meilleur film étranger est Eldorado. Un beau documentaire humaniste dans lequel Markus Imhoof part à la rencontre de migrants. La Suisse a remporté une seule fois cette statuette. C’était en 1991 pour Voyage vers l’espoir. Une belle fiction humaniste dans laquelle Xavier Koller racontait une histoire de migrants. Faut-il y voir un signe?

Les dernières chroniques (in)culture

Ciao, caro CarloSur nos monts, quand Paléo…Le jazz, musique ubiquitaireDerrière le rockeur, un acteur qui se chercheMolière et la VAR