Dans les semaines qui ont suivi l’élection de Donald Trump, avant même son investiture, l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), a été inondée de dons. C’est une des plus importantes associations à but non lucratif des Etats-Unis. Elle protège et défend les personnes dont les droits civiques ont été bafoués, en menant des actions judiciaires.

Dans les dix jours qui ont suivi l’Inauguration Day et la signature en rafale de décrets et d’amendements honorant ses promesses électorales – l’ordonnance anti-immigrants le week-end passé, par exemple – a provoqué un raz de marée dans les coffres de l’ACLU. En l’espace de quarante-huit heures, elle a reçu plus de 24 millions de dollars, soit six fois la somme récoltée habituellement au cours d’une année. Un montant provenant de 356 306 personnes.

De 400 000 à plus d’un million de membres

«Je n’ai jamais rien vu de tel», a déclaré Anthony Romero, directeur exécutif du l’ACLU, à Yahoo News: «Les gens sont révoltés et veulent s’engager. Depuis le mois de novembre, nos membres sont passés de 400 000 à plus d’un million.» Des Américains se sont mobilisés spontanément en voyant les images à la télévision des avocats et des observateurs officiels de l’ACLU déployés dans les aéroports où étaient retenus des réfugiés et ressortissants de pays musulmans.

D’autres ont répondu aux appels des stars de Hollywood lors de la cérémonie de remise des prix de la Screen Actors Guild. Sur Twitter, ils ont cherché le hashtag #ACLUmatch pour se joindre à des entreprises comme Apple, Twitter et Lyft, qui s’engagent à égaler le montant de toute somme versée au profit de l’association.

L’efficacité du geste

Depuis que Donald Trump est à la Maison-Blanche, lorsqu’on se sent impuissant face à la réalité, cliquer pour faire un don est devenu le défouloir des citoyens opposés au gouvernement. Une forme de protestation qui a pris une telle ampleur qu’elle a été surnommée «rage donations» (ou les dons de la colère) par le magazine GQ, qui ajoute avec un certain cynisme: «Il s’agit d’une forme de contestation par des bourgeois paresseux avec un revenu disponible.» Tout en reconnaissant l’efficacité du geste. Car soutenir l’ACLU, même depuis son fauteuil, c’est un moyen de contrer le nouveau président et de confirmer son engagement aux valeurs de liberté.

Le Temps publie des chroniques et des tribunes – ces dernières sont proposées à des personnalités ou sollicitées par elles. Qu’elles soient écrites par des membres de sa rédaction s’exprimant en leur nom propre ou par des personnes extérieures, ces opinions reflètent le point de vue de leurs autrices et auteurs. Elles ne représentent nullement la position du titre.