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Mourir au sommet plutôt que de reculer

Sono il cavaliere, et un chevalier, ça chevauche, les femmes et les ennuis, ça galope, ça cavale, ça parade. Un chevalier c’est droit dans ses bottes, c’est noble et suzerain, ça dicte la loi et ça ne la subit pas, ça change cette loi quand ça lui chante, un chevalier, ça ne se destitue pas, ça ne courbe pas l’échine, ça rebondit et ça piétine les imbecilli

Sono il cavaliere, et un chevalier, ça chevauche, les femmes et les ennuis, ça galope, ça cavale, ça parade. Un chevalier c’est droit dans ses bottes, c’est noble et suzerain, ça dicte la loi et ça ne la subit pas, ça change cette loi quand ça lui chante, un chevalier, ça ne se destitue pas, ça ne courbe pas l’échine, ça rebondit et ça piétine les imbecilli. Tu vas voir, Francesca.

Je suis peut-être fini institutionnellement, mais pas politiquement. Ils sont 7 millions derrière moi, sûrement davantage, il ne faut pas faire confiance aux chiffres officiels. Je vais diviser l’Italie, me faire plaindre et aimer, craindre et admirer. Je vais acheter, corrompre et régner encore. Tous les moyens sont bons, quand on agit au nom de la liberté. Des travailleurs, de la famille, de la nation… Au nom de Silvio Berlusconi, du pouvoir et du sexe. Je suis l’homme de Francesca Pascale, 28 ans, 50 ans de moins que moi. Ma petite femme, tu sais que tu es ma préférée entre toutes? Ma petite bombe à bouche gourmande et savante qui se bat à mes côtés, tu le sais, hein, que tu es ma favorite?

Je suis le roi, le chef, le leader. Je suis l’amant, le connaisseur, le séducteur, le protecteur. Je suis bronzé, je suis lumière. J’attire les petites et les putes qui m’appellent papa pendant qu’elles me prennent dans leur bouche. Les toutes jeunes, qui se blottissent contre moi lorsqu’elles ont froid, qui me prennent mon argent en échange de leur jeunesse. Grâce à elles, je suis le père sans être le vieux, le Dieu sans être aux cieux.

Je ne partirai pas, je ne quitterai pas le devant de la scène.

J’avale du Viagra pour continuer à les satisfaire et jamais, jamais, je ne paierai plus cher pour plus flasque, tapi dans l’ombre des déchus. Je bois des infusions de romarin contre Alzheimer, de millepertuis pour le moral, je m’enduis de myrrhe pour stimuler et séduire, je bouffe des algues pour retarder l’oxydation… La botanique, c’est aussi efficace que la chirurgie plastique. J’ai toute ma tête, mon corps et je refuse de me vautrer dans le néant en attendant la mort. La retraite, c’est bon pour cet imbecille de Sarkozy, le pauvre, quand je pense qu’il a osé me faire la leçon avec la grosse Merkel.

Je remonte en selle, je repars au combat et pourquoi pas à la conquête de l’Estonie. Inéligible, moi? Attends qu’ils voient quand je serai parlementaire européen, Francesca. Forza Italia et forza Silvio, le peuple est derrière moi. 7 millions d’Italiens. Certainement 10. Peut-être bien 20. Francesca a sollicité une entrevue avec le pape, pour qu’il lave mon nom et mon honneur. Dieu me bénisse.

Francesca, viens ici. Je ne vais pas aller en prison, n’est-ce pas? C’est illégal, de mettre quelqu’un de passé 70 ans en prison, quand il n’a pas tué. Je n’ai jamais versé de sang et il faut respecter la loi. Parfois. Francesca, tu crois qu’ils vont trouver une parade pour m’enfermer quand même? Augmenter ma peine? Non, je ne mérite pas ça. Francesca, viens dans mes bras, je suis las. Non, ne m’embrasse pas comme ça, je suis fatigué, je te dis, on fera ça ce soir, avec deux copines, pour l’instant prends-moi juste contre toi. Caresse-moi la tête, oui comme ça, ma principessa, comme ça, mamma, comme ça…

«Inéligible, moi? Attends qu’ils voient quand je serai parlementaire européen»