Vous avez faim? Vous êtes peut-être plus fatigué·e qu’affamé·e. Vous vous sentez de sale humeur, entre tristesse et énervement? Pareil. Vous ne souffrez pas forcément d’un coup de blues, mais d’un manque de sommeil. Vous avez l’impression de tomber malade? The same again… Souvent, on confond faim et fatigue, tristesse et épuisement, fébrilité et fragilité, car, pour des raisons évidentes d’astreinte professionnelle, le manque de sommeil est un impensé de nos autoévaluations quotidiennes.

Ça bosse durant notre sommeil

Pourtant, on devrait y songer à ce roi des songes, car il est massivement maltraité. On estime qu’à cause des conditions de travail, de mauvaises habitudes de vie ou d’insomnie, les trois quarts de la population mondiale ne dorment pas leurs sept heures requises pour que le cerveau remplisse correctement son office. Or, durant notre sommeil, un bataillon d’agents s’active dans cette tour de contrôle. Ça bosse sec et sérieux pour notre cœur, notre équilibre alimentaire, l’élimination de nos toxines, l’apaisement de nos douleurs, notre mémoire, nos défenses immunitaires, notre créativité et notre humeur, recense Brice Faraut, chercheur en neurosciences.

Voilà pourquoi il nous faut bien nos sept heures de sommeil, car les petits dormeurs – cette catégorie de personnes à qui six heures de sommeil suffisent – ne représentent que 7% de la population. Les autres bluffent et développent des troubles liés à une carence continue. Grignotage pour compenser l’effet de flou, manque de concentration, irritabilité et rhumes ou autres maladies liées au manque de défenses immunitaires, etc.

La sieste, ce ressort

D’accord, mais que faire quand les nuits sont trop courtes à répétition? La sieste, tout simplement. De vingt minutes, pour ne pas partir dans le sommeil profond et être stone au réveil. C’est une solution complètement sous-estimée et pourtant d’une efficacité totale.

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Il faut lâcher quelque chose, car la sieste est encore bêtement assimilée à l’idée de vacances et de farniente, mais quand, vers 15h, la tête est lourde, les pensées deviennent brumeuses, les idées sont au point mort, pourquoi s’obstiner?

L’essuie-glace de l’après-midi

Je suis une coutumière de l’exercice et le résultat est sidérant. Après une courte sieste, le monde reprend ses couleurs, le travail redevient un fruit savoureux dans lequel on croque avec énergie, les besognes, absurdes avant, retrouvent leur sens… C’est comme un passage d’essuie-glace sur un pare-brise détrempé, la vision s’éclaircit.

Le mieux, bien sûr, est d’avoir un lit, ou plutôt un canapé pour ne pas «partir dans sa nuit». Mais la sieste peut se dérouler sur une chaise de bureau ou un siège de voiture aussi. L’important est de trouver un endroit un peu à l’écart, à l’abri. Et de se sentir légitime. Rien ne sert de faire illusion. Quand la fatigue est là, la sieste est l’alliée du travail, pas l’ennemie.


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