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Parenthèse atlantique (donc sans Greta Thunberg)

OPINION. Pour sa rentrée, notre chroniqueur fait une proposition constructive, susceptible de réconcilier gretaphobes et gretaphiles

Et la revoici, arrivant ce mercredi à New York. Parenthèse refermée. — © Johannes Eisele/AFP
Et la revoici, arrivant ce mercredi à New York. Parenthèse refermée. — © Johannes Eisele/AFP

C’est la rentrée, emparons-nous de trois vérités objectives sur Greta Thunberg: nous parlons beaucoup de Greta Thunberg; Greta Thunberg divise; Greta Thunberg n’a pas dit grand-chose ces deux dernières semaines. Celui ou celle qui conteste déjà l’une de ces trois propositions est prié de sortir se calmer un moment et de revenir quand il ou elle sera dans de meilleures dispositions. Bien.

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Injectons maintenant ces trois constats dans leur contexte. L’omniprésente égérie nordique de l’urgence climatique fascine et mobilise autant qu’elle agace et désespère. Je ne parle pas ici d’un sentiment ambivalent, ne vous méprenez pas. Je dis que le monde, ou du moins le nôtre, est à peu près symétriquement divisé entre ceux qui aiment Greta et ceux qui ne l’aiment pas. Et que les uns comme les autres ont tendance à se le dire assez fort. Avec un pic de décibels le 14 août, jour de l’appareillage de la gréviste et de son vertueux équipage pour les Amériques.

«Suavité de l’absence ou douleurs fantômes»

Et puis plus rien. Le silence. L’océan. Passé le phare du port de Plymouth, tout juste quelques flashs subliminaux d’un slogan suédois émergeant d’un ciré Helly Hansen un peu trop large et jetés sur Twitter comme une bouteille à la mer. Quinze jours sans Greta, parenthèse atlantique. Der gewünschte Gesprächspartner ist vorübergehend nicht erreichbar. Deux semaines suspendues. Suavité de l’absence ou douleurs fantômes, il a fallu oublier Greta.

Privés des faits et gestes de leur bête noire, abandonnés par le journal intime de leur idole, contempteurs et fidèles de Greta ont dû trouver une autre pomme de discorde le temps de la traversée zéro carbone. Alors on a parlé de l’Amazonie qui part en fumée. Et de l’Afrique, aussi, un peu. On s’est énervés sur le Mercosur et sur le bien-fondé du libre-échange de n’importe quoi avec n’importe qui. On a poussé Bolsonaro dans ses cordes. On a commencé à s’interroger sur la durabilité du modèle. Bref, on a parlé de ce dont on parlerait si l’on parlait un peu moins de Greta.

«Le brouillage de son propre message»

Je vous l’ai déjà dit, je commence à vous connaître et je sais que certains d’entre vous n’ont pas trouvé ces deux semaines particulièrement désagréables. Et comme je ne suis pas contrariant, je ne vais pas vous en vouloir. Parce que moi aussi, j’ai préféré m’intéresser au bien-fondé de l’importation de bœuf brésilien plutôt qu’au bilan CO2 du Malizia II.

Alors je fais une proposition constructive, susceptible de réconcilier gretaphobes et gretaphiles. Laissons Greta Thunberg voguer tranquillement vers son Prix Nobel, sa vie de jeune femme et ses études secondaires, le plus loin possible des projecteurs. Et continuons de parler du fond. Elle ne nous en voudra pas: c’est ce dont elle parlait, avant de devenir la friture sur sa propre ligne.

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