Pour certains, il est cet Italien bien en chair qui aimait les pâtes, faisait de la pub pour du café et chantait avec Sting, Elton John et autres stars de la pop. Pour d’autres, il est celui qui a démocratisé l’opéra, a fait entrer dans les salons du monde entier une musique réputée à tort élitiste. Et pour les mélomanes, il demeure un des plus grands ténors de l’histoire de l’art lyrique.

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Mais dans le fond, qui était véritablement Luciano Pavarotti? Si je pose aujourd’hui cette question, douze ans après sa mort, ce n’est pas parce qu’elle m’obsédait. Encore moins parce que je peux y répondre de manière aussi intelligemment pertinente que subtilement originale. Car pour moi qui ai grandi dans les années 1980, le Modenesi était bel et bien un chanteur d’opéra faisant de la pub et enregistrant des disques à succès en compagnie des stars de la pop, ou reprenant des arias célèbres aux côtés de Placido Domingo et José Carreras.

Si je suis allé voir Pavarotti, le documentaire que consacre Ron Howard au chanteur italien, c’est plus par conscience professionnelle – si, si! – que par réelle passion pour l’opéra, même s’il y a quatre mois j’ai passé une délicieuse soirée à la Scala avec l’Idomeneo de Mozart et le Neuchâtelois Bernard Richter dans le rôle titre. Le précédent doc de Howard, consacré aux Beatles, m’avait disons un peu plus excité. Et pour ceux qui seraient ici interloqués, oui, ce Howard est bien le Ron qui faisait l’acteur dans la série culte Happy Day et qui a réalisé des films comme Willow, Apollo 13 ou Da Vinci Code.

Personnage de cinéma

Si j’ai décidé de vous parler de ce Pavarotti, vous vous en doutez, c’est parce que ce film, je l’ai aimé. Certains vous diront qu’il est hagiographique, qu’il se contente d’une narration chronologique, entre images d’archives et témoignages face caméra. Peut-être. Mais personnellement, j’ai été ému par cette voix puissante sortie dont ne sait trop où, mais aussi par le parcours d’un homme qui, poussé par un manager à poigne, a arrêté de jouer dans des productions lyriques pour devenir une bête de récital, une pop star compilant les plus beaux airs, mû par la noble ambition de décloisonner l’opéra.

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Un film hagiographique? Pas totalement, puisqu’il met en lumière les contradictions d’un père de famille aimant qui a quand même eu deux grandes liaisons extra-matrimoniales, d’un fils de boulanger qui vénérait les spaghettis picante et défendait des causes humanitaires, mais voyageait avec 28 valises et savait se montrer manipulateur, comme lorsqu’il piégea Bono pour obliger U2 à venir se produire à ses côtés. Pavarotti est un fabuleux personnage de cinéma.


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