A priori, le cocktail, vu ses ingrédients, est indigeste: un organisme des Nations unies, une conférence de onze jours et une révision d’un traité datant de 1988. Et pourtant, les internautes curieux de savoir ce qui se passe derrière leur ligne à haut débit seraient bien inspirés de se brancher de temps à autre sur Dubaï ces prochains jours. C’est là, dès ce lundi et jusqu’au 13 décembre, que l’Union internationale des télécommunications (UIT), faisant partie de l’ONU, voudra réviser le Règlement des télécommunications internationales (RTI), traité adopté en 1988.

Une révision apparemment technique, mais qui ne l’est pas. Les pressions se multiplient sur l’UIT afin qu’elle sorte de son rôle premier pour s’intéresser à de nouveaux domaines. A la base, le RTI, sauce 1988, était destiné à connecter la planète. Une mission accomplie, du point de vue technique. Mais désormais, l’UIT, sous la pression de certains membres – dont la Russie et la Chine –, pourrait s’intéresser à la gestion d’Internet: l’adressage pour les noms de domaine, le filtrage, voire la censure. Tout sera question de point de vue. Aux 193 Etats membres de trancher parmi plus de 400 propositions. Et ce, dans un certain secret qui fait craindre le pire à de nombreuses organisations non gouvernementales.

Google s’est exprimé, craignant la création d’un Internet, moins ouvert, à deux vitesses. En face, il est certain que d’autres voix s’élèveront pour dénoncer la présence sur sol américain des principales organisations de gestion du Net. Verdict le 13 décembre.

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