Protéger le climat, un bonus pour la réduction des inégalités
Conférence de conciliation
La vague verte annonce enfin des mesures ambitieuses pour protéger le climat. Mais les plus faibles vont-ils trinquer? Au contraire, pour fonctionner, ces mesures doivent être sociales

La conseillère nationale PS Rebecca Ruiz ayant élue au Conseil d'Etat vaudois, c'est désormais la Verte Genevoise qui tiendra chronique dans nos colonnes et sur le site du «Temps»
La vague verte déferle. Ça y est, on peut passer à la vitesse supérieure face à l’urgence climatique. Alors certains ont peur de boire la tasse, c’est légitime. Les e-mails se multiplient dans ma boîte: les plus faibles vont-ils trinquer, finis le confort, la voiture et les vacances? Ma réponse: la protection du climat doit aller de pair avec la réduction des inégalités.
D’abord parce que les personnes les plus dépourvues sont les plus touchées par le réchauffement climatique. Elles subissent le coût de l’inaction, sans avoir les moyens de l’affronter. Au niveau planétaire, les pays les plus pauvres sont les plus vulnérables. A une autre échelle, on le voit aussi en Suisse. Prenons la pollution de l’air: l’exposition est souvent inversement proportionnelle à la taille du porte-monnaie. Si on en a les moyens, on évitera l’appartement donnant sur l’autoroute.
Quelles solutions?
Après le constat, les solutions. Pour fonctionner, elles doivent être équitables. Alors, quid de l’augmentation du prix de l’essence et autres taxes sur les billets d’avion? D’abord, elles visent à corriger un bug du système: les compagnies aériennes ont un impact sur la santé et le climat qui est largement pris en charge par la collectivité. Subventionner le kérosène n’a rien d’une politique sociale!
Pour améliorer la vie au quotidien, il faut plutôt des logements abordables, des soins de qualité ou des transports publics accessibles. Mais surtout, une politique environnementale gagnante doit s’appuyer sur ses deux jambes: protection du climat et politique sociale. A l’image de la taxe CO2 dont les recettes sont redistribuées à la population. Ces mesures «éco-bonus» profitent à celles et ceux qui nuisent le moins au climat. Et en matière de mobilité, par exemple, ce sont les moins fortunés: la corrélation entre la consommation des ressources et les revenus est établie.
A nous de choisir…
Mais soyons claire. D’ici à 2030, l’objectif est bien que la pollution ne puisse pas se monnayer. Il faut une sortie programmée des énergies fossiles, valable et accessible pour tout le monde. D’ailleurs, votantes et votants ne s’y trompent pas: les initiatives des Verts pour les aliments équitables ou l’économie verte décrochent des majorités dans les quartiers populaires genevois et pas sur la Goldküste zurichoise. Entre privilèges et avenir commun, à nous de choisir.
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