Quand le service civil et le parlement se retrouvent
Conférence de conciliation
Vendredi dernier, le Conseil national a renoncé à serrer la vis au service civil. En mettant fin à cette croisade contre ceux qui refusent de servir sous les drapeaux, le nouveau parlement affirme son identité. Incontestablement nouvelle

Moins une pour le service civil. Les pastilles rouges ont brillé, les unes après les autres, sur l’écran de vote du Conseil national, puis le résultat: 103 contre 90. Heureux, inattendu. Alors que les votes finaux passent pour une formalité, une majorité a jeté aux orties le durcissement des conditions du service civil, qu’elle avait pourtant approuvé il y a quelques mois encore. Et de rompre ainsi définitivement avec le précédent parlement.
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A l’époque, mon groupe politique m’avait envoyée dans la Commission de sécurité, le pensum des nouveaux élus verts. La fleur au fusil, je rêvais de corriger l’inégalité de traitement entre les jeunes hommes qui choisissent le service civil et ceux qui suivent le cursus militaire; les premiers étant sanctionnés pour leurs opinions, puisqu’ils réalisent près d’une demi-année d’engagement de plus que les seconds. C’était compter sans l’alignement de casques à boulons.
Les civilistes? Des «mauviettes», des «poules mouillées», arguait par exemple l’ancien chef du groupe UDC. Les hommes, les vrais, manient les armes, les vraies, pour protéger femmes, enfants et patrie. Pour le féminisme queer, il faudra repasser. Pendant quatre ans, mes collègues ont fait preuve d’un rare acharnement contre les quelque 15% des jeunes qui, plutôt que le salut militaire, font la toilette de nos aînés, construisent des murs en pierres sèches dans nos paysages adorés ou consolent mon fils à la crèche. Je me suis souvent demandé ce qui, entre la défiance vis-à-vis de l’armée et l’absence manifeste de virilité des tâches du service civil, les agaçait davantage.
Le poing sur la table
Après avoir bien tapé du poing sur la table, ils ont reçu du Conseil fédéral ce qu’ils attendaient: une nouvelle punition pour les civilistes car, écrivit le gouvernement, on ne peut «pas exclure que les effectifs de l’armée soient menacés à moyen terme». Et nous avons préparé le référendum. Devant la perspective d’une longue traversée de désert argumentatif que promettait d’être la campagne, certains ont reconsidéré leur position.
C’est ainsi que, lors d’une seule session, le Conseil national le plus jeune et le plus féminin de l’histoire a adopté le mariage pour toutes et tous, exigé une campagne nationale contre le sexisme et enterré le durcissement du service civil. Un hasard?
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