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Même si Berne et Bruxelles trouvent une solution conjointe sur le frein à l’immigration voté en Suisse encore cet été, les délais réglementaires pour une entrée en vigueur le 9 février 2017 sont passés. La voie unilatérale reste l’unique option

Les derniers espoirs pour trouver une solution conjointe Suisse-Union européenne à l’imbroglio suisse créé par l’initiative populaire «Non à l’immigration de masse» acceptée par le peuple le 9 février 2014, se sont envolés cette semaine. La dernière réunion des Vingt-Huit avant les grandes vacances d’été a eu lieu mercredi. Même si Berne et Bruxelles parviennent à trouver un terrain d’entente cet été, les délais réglementaires pour une entrée en vigueur du nouvel article constitutionnel le 9 février 2017 ne peuvent plus être tenus. La sympathique rencontre la semaine passée entre le président de la Confédération Johann Schneider-Amman et le président de la Commission Jean-Claude Juncker en marge du sommet de l’ASEM à Oulan-Bator n’a servi à rien.
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Autant dire qu’à partir de maintenant, la Suisse est livrée à elle-même. Il n’est pas inopportun de le rappeler. Désormais des phrases illusoires comme «l’UE a intérêt à négocier avec nous car nous sommes un partenaire incontournable» seront totalement inutiles. Bruxelles a définitivement d’autres chats à fouetter. Le Brexit passe avant. Certes, les négociations pour une sortie ordonnée du Royaume-Uni ne commenceront pas avant plusieurs mois. Mais, c’est dit, l’encombrant dossier suisse attendra.
Ce n’est ni la mauvaise volonté ni la volonté qui manque à Bruxelles. José Manuel Barroso, président de la précédente Commission et faux ami de la Suisse, n’avait pas levé le petit doigt pour trouver une solution. En revanche, son successeur Jean-Claude Juncker en a fait l’une de ses priorités. Il a même pris le dossier sous sa responsabilité et l’a confié à l’un de ses proches collaborateurs diplomatiques.
Mais voilà. Il y a, d’une part, la difficulté même de trouver la bonne équation entre la libre circulation des personnes, un principe sacré de l’UE, et le vote souverain de la Suisse demandant un frein à l’immigration. D’autre part, le Brexit est arrivé comme un coup de massue sur la tête.
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Il va falloir s’y résoudre; la Suisse n’a désormais d’autre choix que la voie unilatérale. «Sans feuille de vigne européenne derrière laquelle se cacher, sans plan B à enfiler d’urgence, sans plus aucun faux prétexte pour repousser encore ses responsabilités», comme le résume si bien le chroniqueur du Temps Yves Petignat.
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