La vie chère vue de Londres: la demande de panneaux solaires est devenue «folle»
Chronique
AbonnéCHRONIQUE. Avec la hausse des factures énergétiques, qui ont pratiquement doublé en l’espace de 12 mois, un installateur de panneaux solaires dans l’Essex témoigne de ses journées très chargées

Cela fait plusieurs mois que Colin Howe n’a pas pris un jour de répit. Cet électricien de formation possède une petite entreprise appelée Select Solar et basée dans l’Essex, au nord-est de Londres. Elle vend des panneaux solaires pour les maisons individuelles. Avec la hausse des factures énergétiques, qui ont pratiquement doublé en l’espace de 12 mois, passant de 1500 francs à près de 3000 francs par an pour un foyer typique, Colin Howe a vu ses affaires décoller.
«Nos téléphones n’arrêtent pas de sonner, nous avons reçu un nombre fou de demandes de la part de particuliers qui veulent installer des panneaux solaires sur le toit de leur maison, raconte-t-il. Nos ventes ont crû de près de 40%.» La demande pour l’installation de batteries, qui permettent de stocker l’énergie solaire durant la nuit ou en période de couverture nuageuse, a, elle aussi, pris l’ascenseur.
Diminuer de moitié les factures
Lorsqu’un client le sollicite, Colin Howe commence toujours par lui demander une facture de gaz et d’électricité, afin de calculer les économies potentielles. Il estime que pour une maison comprenant trois à quatre chambres à coucher, dont la consommation annuelle atteindrait quelque 4000 kilowattheures, l’installation de panneaux solaires permet de diminuer de moitié la consommation énergétique – et donc le montant des factures.
«Pour installer un système complet, il faut compter entre 4500 et 11 000 francs, le double s’il y a aussi des batteries, précise le patron de cette entreprise fondée il y a vingt-deux ans sur les cendres d’une société vendant des panneaux solaires aux détenteurs de caravanes et de bateaux. Il s’agit d’un investissement conséquent mais qui peut s’avérer très rentable sur le moyen terme, surtout si le prix du gaz et de l’électricité reste élevé.»
L’installation n’est cependant pas toujours évidente. «Sur une maison individuelle, il n’y a pas toujours assez de grandes surfaces plates pour y placer les panneaux solaires, détaille-t-il. Nous devons aussi nous assurer que les fusibles sont à jour et capables d’absorber de grandes quantités d’énergie.»
L’explosion de la demande sur le marché du solaire a fait émerger de nombreux nouveaux opérateurs, qui ne sont pas tous compétents. «Certains sont dirigés par des spécialistes de la vente, qui n’ont aucune expertise en matière d’ingénierie ou d’électricité», dit-il. Il raconte être intervenu récemment pour rectifier un chantier pris en charge par un promoteur immobilier. «Il avait confondu des panneaux solaires avec des panneaux chauffants», livre-t-il.
Approvisionnement compliqué
Autre effet de la popularité soudaine du solaire, l’approvisionnement en pièces est devenu plus complexe. «La demande dépasse de loin l’offre, note Colin Howe. Il y a désormais une pénurie de panneaux solaires et de batteries, qui sont tous produits en Chine. Alors que je pouvais autrefois faire un choix entre plusieurs fournisseurs, je dois aujourd’hui me contenter d’acheter ce qui arrive sur le marché, sans tergiverser.»
La hausse du prix du fret maritime et les disruptions causées par la pandémie ont aggravé le problème. «Les usines en Chine me racontent que certains jours, il n’y a pas plus de cinq travailleurs en raison des confinements que le gouvernement continue d’imposer en cas d’infection au Covid-19.»
Même se procurer les systèmes de montage en aluminium est devenu malaisé. «Nous nous fournissons auprès d’une entreprise allemande mais celle-ci a récemment décrété qu’elle ne vendrait plus de pièces individuelles», relate-t-il. Cela l’a obligé à faire preuve de créativité. «Je lui achète un système de montage complet, puis je le désosse et je répartis les pièces entre différents chantiers», relate-t-il.
Il espère désormais vendre ses systèmes aux petits entrepreneurs, qui souhaitent installer des panneaux solaires sur le toit d’une usine ou d’un bâtiment industriel. «Il y a moins de complications et cela rapporte davantage», glisse-t-il.
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