La vie punit toujours ceux qui arrivent trop tard
CHRONIQUE. En matière de collaboration avec ses alliés dans le délicat sujet des biens des oligarques comme dans le dossier européen, la diplomatie suisse est toujours sur la défensive et n'agit que sous la pression, regrette notre chroniqueur François Nordmann
Mise sous pression internationale, la Suisse fait d’abord le gros dos puis elle se montre plus accommodante. Ce n’est pas nouveau. La Suisse qui refuse aux Alliés de livrer les fortunes des dignitaires d’un régime ennemi, sises dans ses banques, et accusée de complicité avec ce régime honni… cela ne vous rappelle rien? Sommée de s’exécuter, elle maintient d’abord ses positions au nom de son ordre juridique puis entre néanmoins en négociation avec les vainqueurs. Elle finit par accepter de leur verser une indemnité «à bien plaire» et de caractère humanitaire, sans toucher aux biens visés initialement. La scène se passe en 1946. Elle se conclura par l’Accord de Washington: les Alliés, préoccupés par la menace soviétique qui plane sur l’Europe occidentale, renoncent à leurs prétentions et se contentent d’une somme de 250 millions de dollars en guise de contribution suisse à la reconstruction de l’Europe. Le même scénario est-il en train de se répéter à propos de l’Ukraine et des avoirs revendiqués par les oligarques?