ÉDITORIAL. Le 16 mars 2020, Emmanuel Macron déclarait la guerre à cet «ennemi invisible» qu’est le coronavirus. Le confinement strict qui suivit, avec attestations dérogatoires et pluies d’amendes, fut une douche froide pour les Français, réputés turbulents. Jusqu’à ce que le civisme l’emporte

Les premiers jours furent pénibles, marqués par l’avalanche d’interpellations policières pour ramener à la raison des Français convaincus, jusqu’à la dernière minute, qu’ils pourraient échapper au tsunami viral venu d’Italie. Le pessimisme était de mise, lors de ces journées fatidiques de mars 2020. Pire: le fait d’avoir maintenu le premier tour des élections municipales le 15 mars – malgré les injonctions des experts scientifiques – s’avéra vite être un boulet pour les autorités françaises. Comment exiger de la population, dès le lendemain de ce problématique scrutin, qu’elle limite d’un seul coup ses déplacements et respecte à la lettre les consignes sanitaires?
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Douze mois plus tard, une autre France a émergé. Certes, les images des quais de la Seine bondés, à Paris, prouvent que les «gestes barrières» sont encore perçus par trop de Parisiens comme un refrain sans conséquences. Certes, l’été fut trop déconfiné et vite terni par l’arrivée d’une deuxième vague, comme ailleurs en Europe. Mais les Français, aussi déprimés et abattus soient-ils, ont globalement fait preuve d’un civisme remarquable. Si la défiance dans la parole des pouvoirs publics y atteint d’inquiétants sommets, alimentée par les pénuries initiales de masques et de tests, puis par la lenteur de la campagne de vaccination aujourd’hui, la France montre depuis un an un visage de responsabilité. Aux deux extrémités du pays, les reconfinements ordonnés le week-end à Nice et dans le Pas-de-Calais se déroulent d’ailleurs sans accrocs majeurs.
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Nos voisins sont pourtant loin d’être unanimes face à la pandémie et aux mesures prises par le gouvernement. Mais dans ce pays si turbulent et si prompt aux révoltes, leur «acceptation résignée» – selon les termes du politologue Jérôme Fourquet – montre que la raison l’a emporté et que la rue n’est pas toujours synonyme de chaos. Dès lors que les règles sont claires et compréhensibles, qu’elles sont soutenues par des élus locaux mobilisés et qu’elles respectent la diversité sanitaire des territoires, la France sait se montrer disciplinée et unie dans l’effort. C’est cette vertu qu’Emmanuel Macron doit maintenant cultiver, en se montrant le plus possible pédagogue, clair, lucide sur les dysfonctionnements de l’Etat et proche des réalités. Pour préparer le pays à la fin du «quoi qu’il en coûte». Et tirer les bonnes leçons de ce vaccin contre l’indiscipline française nommé Covid-19.
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Il y a 1 année
Comment ose-t-on dire que ce virus vient d'Italie!!??!!... C'est innacceptable de la part du temps. Ce virus vient de Chine!!! On va enfin en parler ou au moin l'admettre? Ensuite cet edito est edifiant, se réjouit-on de ce covid parce qu'il permet à l'état de déployer sa puissance sur les citoyens? de les soumettre? En quoi un couvre feu évite la propagation du virus? dite le nous? Enquêter, fouiller, faite votre métier de journaliste...au lieu de tout commenter ou de transmettre laconiquement les communiqués de presse des gouvernements. De moins en moins de personnes lisent les journaux, et on se demande pourquoi...
Il y a 1 année
Cher Mariano, un grand merci pour votre remarque. Vous aurez noté que l'expression employée dans l'éditorial est le tsunami viral, donc la vague. Laquelle venait bien en partie d'Italie en mars 2020. Vous nous prétez des intentions qui ne sont pas dans le texte. Continuez de nous lire !
Il y a 1 année
Me permettrez-vous de nuancer votre analyse ? La France parait calme parce que la police a renoncé à faire respecter le confinement dans ce qu'on appelle pudiquement les zones de non droit ou par certaines catégories de la population : en mai 2020 un enterrement a été suivi par 600 personnes de la communauté des gens du voyage à Compiègne au moment où la règle était de limiter à 20 personnes. Résultats aucune verbalisation alors que pour les autres Français, au-delà de 20 personnes il y a eu effectivement verbalisation. Quand Assa Traoré en juin réunit 20 000 personnes devant le Palais de Justice en juin dernier sans aucune autorisation, aucune verbalisation etc... Par ailleurs vous avez certainement noté que le trafic de drogue a continué comme avant sans que les dealers ne s’embarrassent de respecter le confinement et que la police ne fait rien, parce que dès qu’elle fait quelque chose les banlieues s’embrasent. Croyez-vous que les bandes dont celles qui se sont affrontées dans le 15ème arrondissement de Paris vivent dans l’union autour du respect des consignes de confinement ou couvre-feu ?
Tout le monde ferme les yeux et se convainc que tout va bien.
Il y a tout autant l’indulgence pour les puissants, qui, comme le Président de BFMTV n’ont pas de scrupules à déjeuner dans des restaurants clandestins et bien entendu n’auront pas d’ennuis pour autant.
Alors c’est vrai pour les Français qui n’appartiennent pas à ces catégories ne bénéficient pas de cette mansuétude ne pas se plier aux consignes du gouvernement est risqué. Ceux qui ont été réprimés notamment dans le mouvement des Gilets Jaunes, avec des condamnations en justice extrêmement dures, en particulier de la prison ferme et des amendes énormes ont tendance aujourd’hui à ne pas se révolter parce qu’ils en ont pris plein la figure. Ils savent qu’ils seront eux verbalisés sans indulgence et s’ils ne veulent pas payer, on saisira leur compte en banque parce que le fisc a leurs coordonnées (ce qui n’est pas le cas des catégories précitées).
Les Français que je côtoie, notamment ma famille, n’ont pas le sentiment de participer à un grand mouvement d’union pour lutter contre le fléau de la pandémie. Nous sommes dans une société apeurée, anxieuse pour son avenir qui ne voit plus très bien de quoi demain sera fait. En outre tout le discours porté par la Cancel culture nous stigmatise comme des suprémacistes. Alors beaucoup préfèrent ne pas se faire remarquer. La plus grande victoire du Président Macron est de faire croire que les gens adhèrent à sa politique parce qu’ils sont aujourd’hui découragés et parce qu’il est vrai qu’aucune réelle alternative ne leur apparait crédible.