Credit Suisse: la fête est finie
OPINION
AbonnéOPINION. Rembobiner le film de 35 ans de finance casino permet de comprendre pourquoi on en est arrivé là. La débâcle de Credit Suisse est aussi celle des personnalités politiques et académiques, écrit le professeur zurichois Marc Chesney

Les lampions sont éteints, la fête est finie pour Credit Suisse. Les membres de la direction et du conseil d’administration quittent momentanément le tapis vert de la finance casino, la mine grave, les poches pleines et le cœur léger. Les regrets et excuses de circonstance sont de mise. Ils auraient fait de leur mieux, c’est d’ailleurs pour cela qu’ils étaient grassement payés, mais, convainquez-vous-en chers lecteurs, la malchance, les rumeurs, voire les complots de l’étranger, auraient eu raison de leur modèle d’affaires, de leur savante gestion des risques et de leur habilité à «regagner la confiance des marchés financiers». C’est d’ailleurs ce qui nous est répété à satiété ces derniers temps, et c’est bien de cela qu’il s’agirait, de regagner cette confiance qui faisait tellement défaut et dont l’absence nous empêchait parfois de dormir. Ce serait l’essentiel et ce pour quoi il faudrait investir des montants énormes. Gagner la confiance de la population, en la protégeant des dérives de la finance et de ses joueurs de poker, n’est manifestement pas à l’ordre du jour. Retraçons la chronologie des faits.