Pour que les femmes puissent vivre libres
Face à une justice jugée laxiste, émanation d’une société patriarcale, l’enjeu de crédibilité resurgit. Aux côtés de #Cuéntalo, le slogan #YoSiTeCreo («Moi je te crois») caracole en tête des statistiques Twitter. Un mot d’ordre repris jusque dans le monastère d’Hondarribia au Pays basque, où 16 sœurs carmélites ont signé un manifeste indigné. «Nous vivons cloîtrées, nous portons un habit qui nous arrive quasiment aux chevilles, nous ne sortons pas le soir, nous ne buvons pas d’alcool et avons fait vœu de chasteté», écrivent-elles. «Parce que c’est un choix libre, nous défendrons par tous les moyens à notre disposition […] le droit de toutes les femmes à faire LIBREMENT le contraire, sans qu’elles soient pour cela jugées, violées, menacées, assassinées ou humiliées.»
Douloureux précédant
«Ce verdict avait l’opportunité de rentrer dans l’histoire et de montrer aux femmes que le système judiciaire espagnol les protège. Il rentrera dans l’histoire pour avoir laissé les femmes toujours plus sans défense», dénonce @alexamath.
#YoSiTeCreo Ce verdict avait l'opportunité de rentrer dans l'Histoire et de montrer aux femmes que le système judiciaire espagnol les protège. Il rentrera dans l'Histoire pour avoir laissé les femmes toujours plus sans défense.https://t.co/p55uRNYYqo
— Alex Mathiot (@alexamath) 27 avril 2018
Le jugement apparaît d’autant plus douloureux à la lumière de ce précédent que rappelle la romancière Lucía Etxebarría: «Il y a dix ans, une étudiante avait été tuée lors des Sanfermines de Pampelune après avoir résisté à son violeur. Aujourd’hui, le message de la justice est: si tu ne résistes pas, on ne te croit pas. #LaManada.»
«Ne viens pas seule»
Au-delà du système judiciaire, c’est le climat d’insécurité permanent que les internautes dénoncent aujourd’hui. «Préviens-moi quand tu arrives. Ne viens pas seule. Je t’appelle et on parle sur le chemin»: les Espagnoles sont lasses de ces petits conseils, de ces précautions déployées «au cas où». «Nous sommes fatiguées de devoir être courageuses, alors que nous souhaitons seulement être libres», résume @kenyvazquezz.
Por todas las que salieron a bailar y no volvieron
— FLOR 💚✊ (@floor_lagos) 30 avril 2018
Por las que abrazaron a su mamá sin saber que iba a ser su último abrazo
Por todas las que fueron violadas o asesinadas y culpadas por “usar poca ropa”
Por eso debemos ser el grito de las que ya no tienen voz #Cuentalo
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