L’Histoire nous apprend que rien de bien n’est jamais définitif et que le travail de construction d’une société paisible et prospère est un éternel recommencement. Il y a un siècle, en août 1923, Gustav Stresemann, «le dernier espoir avant le nazisme», était nommé chancelier de la République de Weimar, avant d’en devenir cent jours plus tard le ministre des Affaires étrangères, jusqu’à son décès prématuré, le 3 octobre 1929. Ses efforts pour la paix lui valurent de recevoir le Prix Nobel de la paix, conjointement avec Aristide Briand, le «pèlerin de la paix», le 10 décembre 1926. On connaît malheureusement la suite…
Rappeler et expliquer l'histoire
En 2023, le rappel et l’explication de l’histoire du siècle passé sont plus que jamais essentiels. Les derniers témoins des atrocités nazies sont en train de s’éteindre. Les plus jeunes générations ont un lien moins direct avec la Deuxième Guerre mondiale et souvent une méconnaissance des ressorts et des enchaînements historiques qui ont mené à ces heures sombres, précédées – ne l’oublions pas – de siècles d’intolérance et de persécution à l’égard des juifs. Les réseaux sociaux sont le lieu où tout le monde s’exprime sans filtre, laissant libre cours à tous les fantasmes et à la réécriture des faits. Les fausses informations («fake news») se colportent à l’infini et de façon exponentielle. Les rancœurs et les frustrations de toutes sortes s’y matérialisent par des discours de haine et la recherche de boucs émissaires. Les théories du complot voient le jour en fonction de l’actualité, le Covid-19 en 2020, la guerre en Ukraine en 2022.
Comme rappelé plus haut, le racisme et l’antisémitisme se nourrissent de l’ignorance. C’est donc notre devoir collectif de rappeler des faits historiques, d’expliciter les mécanismes de construction du rejet et de la haine de l’autre. A ce titre, la Cicad accomplit un travail de veille et de prévention remarquable. Malheureusement, il ne suffit pas. Les parents, les élus, la société civile et évidemment l’école ont un rôle essentiel à jouer. Au vu de l’augmentation des chiffres, il est désormais nécessaire d’amplifier non seulement l’analyse du phénomène mais aussi de mettre réellement en œuvre et de développer au sein de l’enseignement obligatoire et post-obligatoire la pédagogie qui est offerte sur ce sujet, notamment par ceux qui le connaissent particulièrement bien.