Publicité

Le vrai coût de la publicité aux collectivités

OPINION. La Suisse génère près de 800 kg de déchets par an par habitant, dans le top 3 mondial, regrette le Vert genevois Denis Ruysschaert, pour qui supprimer la publicité commerciale en ville relève du bon sens

A Lausanne, en 2016, déjà. Image d'illustration. — © Salvatore Di Nolfi / Keystone
A Lausanne, en 2016, déjà. Image d'illustration. — © Salvatore Di Nolfi / Keystone

La Ville de Genève vote dimanche 12 mars sur l'interdiction de la publicité commerciale dans les rues. Retrouvez une sélection de nos tribunes et articles sur ce sujet qui tend:

Les tenants de la publicité avancent que celle-ci rapporte, pour les communes. Selon eux, la publicité générerait près de 10 millions. Cette vision réductrice de ce qu’est la publicité omet tous ses coûts reportés sur la collectivité. Ces coûts sont de trois ordres: sur la santé humaine, sur la planète et sur l’individualisation sociétale.

En effet, les sociétés se sont initialement constituées pour répondre aux besoins fondamentaux des humains (en nourriture, logement) et pour assurer leur coopération. Arrimée à l’idéologie libérale, la publicité retourne cette évidence en créant des demandes inexistantes et en réduisant les personnes à une somme d’individus consommateurs.

Ce faisant, elle a créé «homo economicus». Cet être dépendant d’achats compulsif de court terme est en compétition pour exister à travers ses possessions réelles (objets) ou symboliques (voyages) dans une vie dénuée de sens. Cette individualisation forcée et cette lobotomisation généralisée ont trois conséquences délétères.

La publicité altère la santé psychique. La publicité crée un cercle vicieux anxiogène du jamais assez, chaque individu entrant en compétition permanente pour posséder davantage que son voisin. Elle génère aussi de l’obésité et du diabète car elle gave littéralement homo economicus en lui créant de la demande inexistante: plus d’un tiers de la population est en surpoids.

Court-termisme et promotion de l'individu

La publicité contribue aussi à détruire la planète par son «court-termisme» et son obsolescence programmée. En Suisse, nous générons près de 800 kg de déchets par an par habitant, nous sommes dans le top 3 mondial. L’élimination des déchets est la charge de la communauté, elle s'élève à près de 100 millions par an en ville de Genève, elle est la première source de coûts pour une collectivité.

Enfin, la publicité délite les relations entre personnes. Alors que notre existence n’a de sens qu’en relation avec les autres, la publicité fait la promotion de l’individu et de la compétition. Il en résulte une société incapable de résoudre ses différences par le dialogue. Ceci génère des coûts pour pacifier les incivilités, engager des policiers ou des travailleurs sociaux.

Se libérer de la publicité rapporte donc bien plus que cela ne coûte à la collectivité. Cela rapporte en améliorant la santé, en diminuant les déchets, en améliorant les relations humaines. Reprendre le contrôle de notre pensée et repartir de nos besoins humains fondamentaux est un bon investissement. C’est aussi, du bon sens.