Credit Suisse n’avait certainement pas besoin d’une nouvelle affaire. Ni d’un président qui devait partir moins d’une année après son entrée en fonction et, surtout, après avoir incarné tous les espoirs de changement d’ère dans une banque secouée par les scandales. Comment la deuxième banque suisse sortira-t-elle de l’ornière après cette énième péripétie?

Lire aussi: Le président de Credit Suisse poussé à la démission

Mais essayons de nous réjouir sur un point au moins. En 2022, les enquêtes internes de Credit Suisse ne blanchissent plus les directeurs généraux et présidents après leur avoir trouvé moult formes d’excuses les années précédentes. Ces derniers ne sont plus «blancs comme neige», alors que la banque doit payer des amendes record aux Etats-Unis. Non, cette fois au moins, le scandale a trouvé son responsable et celui-ci a dû en tirer les conséquences. Après avoir violé les règles de quarantaine, une fois en Suisse, une fois en Grande-Bretagne, Antonio Horta-Osorio a dû annoncer sa démission dans la nuit de dimanche à lundi.

Têtes qui dépassent

Président depuis fin avril, le banquier n’avait pas mesuré à quel point changer la culture de la banque et demander la probité de ses collègues exigeait un comportement irréprochable de sa part à lui aussi. Que vouloir que ses règles soient respectées impliquait que lui-même ne se soustraie pas à d’autres pendant son temps libre. Les temps ont donc peut-être vraiment changé à Credit Suisse.

Lire également: Antonio Horta-Osorio, la quarantaine courbée et le difficile redressement de Credit Suisse

Après cette bonne nouvelle reste un petit sentiment de malaise. Ce que ce départ trahit également, c’est à quel point il est toujours aussi difficile de se faire accepter par le landerneau financier zurichois lorsqu’on vient d’un peu plus loin que le sérail financier helvétique et, encore pire, d’un peu plus au sud. Surtout quand on ne s’excuse pas d’être là et qu’on bouscule les habitudes et les pratiques en vigueur. Avec le risque de se faire tacler.

On peut d’ailleurs tirer un parallèle avec Tidjane Thiam, patron de Credit Suisse entre 2015 et 2020, parti à la suite du scandale des filatures d’employés ou ex-employés de la banque, et qui semblait partager certaines pratiques et traits avec le président sur le départ. Reste donc une question: la démission d’Antonio Horta-Osorio est-il le résultat d’une politique de «deux poids, deux mesures» où l’on est moins intransigeant avec le banquier du cru?

Lire encore notre grande enquête: Comment Credit Suisse a perdu le contrôle

Espérons que non. Ce serait le signe que Credit Suisse a vraiment changé de paradigme et que la page des scandales pourra finalement être tournée.