On a beaucoup parlé de la Genève internationale ces derniers jours, notamment à travers le prisme des discussions sur le dossier nucléaire iranien et sur la Syrie. En tant que président du gouvernement genevois sortant, je m’en félicite.

Je me réjouis également que la Confédération suisse, le canton de Genève et la Ville de Genève aient récemment resserrés leurs liens pour soutenir la Genève internationale, et plus particulièrement la rénovation des organisations internationales, dont celle du siège européen des Nations unies. Il est primordial que nous mettions tout en œuvre pour améliorer le dispositif d’accueil, pour renforcer encore la place de Genève comme centre de gouvernance mondiale, mais également comme lieu de réflexion sur l’évolution de la mondialisation.

L’histoire et l’identité de Genève sont internationales, comme son destin. Dans cette perspective, deux entités doivent être impérativement soutenues afin de jouer un rôle majeur.

En premier lieu, le domaine de Penthes, qui va devenir un lieu de réflexion, d’expertise et de coopération, une véritable plateforme pour la négociation et l’arbitrage, orchestrée par l’Université de Genève et l’Institut des hautes études internationales et du développement (IHEID). Géré par une fondation de droit privé, dont feront partie les deux institutions universitaires ainsi que l’Etat, le centre sera appelé à renforcer la place de Genève et de la Suisse dans le monde. Il devrait compter sur des liens étroits avec les organisations internationales, les missions permanentes, les organisations non-gouvernementales, les think tanks existants, les entreprises multinationales et les acteurs académiques pour développer une pensée novatrice autour des enjeux de la globalisation. Le canton de Genève s’est d’ores et déjà engagé à soutenir financièrement une telle réalisation, dont le projet intellectuel devrait rapidement voir le jour. La définition de ce projet est en cours, sous l’égide d’un groupe d’experts dont Pascal Lamy, ancien directeur général de l’OMC, assure la responsabilité.

J’aimerais également évoquer l’avenir d’une organisation partie intégrante de nos projets: le Bureau international de l’éducation (BIE). Créé à Genève en 1925 par Jean Piaget, le BIE est aujourd’hui un institut de l’Unesco destiné à concrétiser ses engagements en matière d’éducation.

Ce centre mondial traite de sujets fondamentaux au développement d’une éducation de qualité pour tous. Il traite de contenus éducationnels (curricula), de méthodes et de stratégies d’apprentissage. Petite organisation par la taille, il n’en met pas moins régulièrement sur pied les seules conférences internationales en matière d’éducation de niveau ministériel. La dernière de ces conférences avait pour thème «L’éducation pour l’inclusion: la voie de l’avenir». Ce thème regroupait les enjeux auxquels sont confrontés aujourd’hui tous les systèmes éducatifs nationaux, régionaux ou cantonaux devant inclure l’ensemble des élèves, quels que soient leur origine, leur culture, leur mode de vie, leur handicap et la spécificité de leurs besoins. Cette conférence a rassemblé à Genève 144 ministres en 2008.

L’Unesco fait aujourd’hui face à un vaste plan d’économies, lié au gel des contributions américaine et israélienne. Le BIE s’en trouve directement affecté, et devra compter à l’avenir sur un financement direct des pays qui participent à son fonctionnement. Les contributions norvégienne et helvétique, de niveaux comparables, sont les plus importantes. Le conseil exécutif de l’Unesco insiste sur un financement d’un tiers par le pays hôte, ce qui devrait contribuer à un renforcement de l’engagement de notre pays en faveur du BIE.

Le canton n’est pas resté les bras croisés, puisqu’avec l’aide de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP), il a délivré une aide visant à soutenir une levée de fonds au niveau international. Nombreuses furent les rencontres au niveau suisse comme au niveau international, au BIE comme à l’Unesco, à Genève comme à Paris. Les ambassadeurs de nombreux pays sont aujourd’hui saisis de cette recherche de financement complémentaire.

Le BIE incarne un rôle primordial pour relever les défis éducatifs qui font partie de la mondialisation. Aujourd’hui, la mesure des performances en matière d’éducation est devenue incontournable. L’effet indirect sur les régions et pays est de pousser à déterminer des niveaux de compétence. On le constate en Suisse, avec l’harmonisation scolaire matérialisée par le concordat HarmoS. On le constate encore aujourd’hui, de façon criante, avec la publication en début de semaine des évaluations PISA, dont les points forts de l’étude 2012 reposent sur les mathématiques.

L’Unesco porte la volonté de la communauté internationale de définir les niveaux de compétences à acquérir au niveau de l’enseignement primaire.

Le BIE, centre de référence en matière de curricula, représente, vis-à-vis de ces niveaux de compétences, au niveau international, pour chaque pays, particulièrement les pays de l’hémisphère Sud, ce que sont aujourd’hui le Plan d’étude romand et le Lehrplan 21 au concordat HarmoS. En d’autres termes, il ne suffit pas de fixer des seuils d’exigences, il faut définir les modalités pour y parvenir.

L’avenir de la Genève internationale passe par un renforcement de sa contribution en matière d’accueil et d’expertise d’arbitrage. Il passe aussi par sa capacité à réfléchir à l’évolution du paysage de la mondialisation. Par nature, cette réflexion portée par un think tank devra mêler, notamment, les questions de paix, de droits humains, de santé, de commerce, de travail, de sécurité, mais également de formation et d’accès à l’enseignement.

Genève et la Confédération sont aujourd’hui aussi porteurs de ces projets.

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Il est primordial que nous mettions tout en œuvre pour améliorer le dispositif d’accueil

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