Des licenciements à 24 heures et à la Tribune de Genève l’automne passé. La fin de L’Hebdo et une restructuration du Temps l'hiver dernier. L’annonce récente d’un resserrement des titres neuchâtelois, L’Express et L’Impartial. A présent, les regroupements du Matin et de 20 minutes, ainsi que des principales rédactions alémaniques et romandes de Tamedia.

Les douleurs se succèdent pour les personnels de presse. En revanche, dans le débat public, cette litanie entamée dans les années 1990 est devenue un bruit de fond, à peine amplifié parfois par quelques politiques inquiets pour l’emploi.

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Bien sûr, la Suisse a bénéficié d’une densité de journaux inédite en Europe, et des concentrations sont devenues inéluctables. Il est pourtant temps de mettre sur la table la question de la diversité médiatique. Longtemps ruminée par des universitaires, la diversité doit devenir un enjeu collectif.

Un réel affaiblissement

Que des journaux continuent de disparaître, que des pans des grands titres de Tamedia deviennent communs et neutralisent la concurrence interne constituent bien un appauvrissement de l’offre. Sur la scène médiatique suisse, le secteur privé s’amoindrit, le service public est attaqué par certains pour ses bourrelets, et pendant ce temps les géants californiens du Web se goinfrent dans l’auge des dépenses publicitaires nationales.

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A ce sujet, il serait benêt d’imaginer que les réseaux sociaux comblent les vides qui se multiplient dans le tissu médiatique. Facebook constitue certes une intéressante place du village, mais la démocratie helvétique, si intense et complexe, ne peut se jouer juste par quelques fugaces pouces brandis en haut ou en bas. Une population qui vote au moins quatre fois par année doit disposer d’espaces de débats variés et propres à sa culture.

Une question politique

C’est là que la question se pose. Nos collègues correspondants à Berne se sont récemment comptés: pour couvrir l’actualité fédérale, en dehors de la RTS, les Romands ne sont plus que neuf. Voilà une réalité que les lecteurs doivent connaître.

Le Temps est contrôlé par un éditeur qui n’a guère de leçons à donner en matière de diversification, lui qui a éteint la lumière de L’Hebdo. Mais c’est ainsi, justement, que le débat doit être exprimé. En toute franchise de la part des camps respectifs.

Que chacun, médias, lecteurs, acteurs privés ou publics, formule ses besoins et ses idéaux. Que les carences soient identifiées, abordées. Que de nouveaux scénarios éditoriaux aussi bien qu’économiques soient imaginés. Le moment d’une urgente discussion publique est venu.

Le Temps publie des chroniques et des tribunes – ces dernières sont proposées à des personnalités ou sollicitées par elles. Qu’elles soient écrites par des membres de sa rédaction s’exprimant en leur nom propre ou par des personnes extérieures, ces opinions reflètent le point de vue de leurs autrices et auteurs. Elles ne représentent nullement la position du titre.