Donald Trump a décidé: les Etats-Unis vont se retirer de l’accord de Paris sur le climat. Cette annonce constitue l’un des moments les plus dramatiques dans l’histoire du leadership américain depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le retrait des Etats-Unis, deuxième plus grand pollueur mondial derrière la Chine, est une insulte à la science, qui a prouvé par d’innombrables recherches que l’augmentation massive des émissions de CO2 depuis l’ère préindustrielle est responsable du réchauffement climatique.

A ce propos: Climat: Donald Trump annonce le retrait des Etats-Unis de l'Accord de Paris

Une dynamique qui est en train de transformer l’Amérique

Ce retrait constitue une insulte à la transformation progressive de l’économie. En rejetant l’accord historique de Paris de 2015, Donald Trump respecte une promesse de campagne électorale. Mais il montre un mépris inouï pour une dynamique qui est en train de transformer l’Amérique. Pour sauver 65 000 emplois de mineurs de charbon, il est prêt à tourner le dos à un accord multilatéral négocié par 195 Etats et ratifié par 147 pays. Or le secteur des énergies renouvelables, public et privé, a déjà créé plus de trois millions d’emplois outre-Atlantique.

L’Iowa produit 36% de son électricité avec de l’éolien et aspire à en produire 50% dans un avenir proche. De nombreux Etats, la Californie en tête, ont fait de la question climatique une priorité, et rien ne semble les arrêter. Le Texas, connu pour son industrie pétrolière florissante, investit largement depuis des années dans l’éolien et le solaire, parce qu’il y voit un intérêt économique. C’est là l’espoir. La résistance à la décision de Trump pourrait être massive.

L'énorme effort de la Chine

Le retrait des Etats-Unis représente aussi une insulte à la responsabilité de la première puissance mondiale, une «faute colossale» de politique étrangère. Angela Merkel l’a exprimé le week-end dernier: l’Europe ne peut plus compter sur Washington. La Chine prévoit d’investir 360 milliards de dollars dans le renouvelable d’ici à 2020. Le retrait américain est une aubaine formidable pour Pékin, qui pourra s’affirmer comme le fer de lance de la révolution énergétique d’aujourd’hui et de demain.

Cette décision de l'administration Trump contredit sans raison défendable les choix de Barack Obama, qui a su insuffler une vision énergétique dans un pays pourtant connu jusqu’ici pour son relatif dédain de l’environnement. S’il a temporairement laissé l’industrie pétrolière et gazière prospérer, c’était par pragmatisme, pour avoir les coudées plus franches ailleurs. En substituant le gaz naturel, énergie de transition, au charbon, les Etats-Unis étaient en passe d’atteindre les objectifs 2020 découlant du Protocole de Kyoto, que Washington n’a pas signé. En négociant en amont de Paris avec les Chinois et en élaborant un plan très ambitieux de réduction des émissions de CO2 des centrales à charbon, Barack Obama a changé le paradigme énergétique de l’Amérique.

Enfin, ce qu'a annoncé Donald Trump ce jeudi est une insulte à l’écrasante majorité des Américains, convaincus, au même titre que le Pentagone, que le changement climatique est une grave menace. En dépit de l’urgence d’agir, Donald Trump assène un coup dévastateur à la crédibilité de l’Amérique.


A propos de l'accord dont on parle: L'accord de Paris en cinq mots

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