ÉDITORIAL. Le président américain fragilise le fonctionnement démocratique. En minimisant la dangerosité du covid et en exacerbant les divisions de la société américaine, il contribue aussi à favoriser un climat quasi insurrectionnel

Sous la présidence de Donald Trump les institutions démocratiques américaines ont fait l’objet d’attaques sans précédent. Etat des lieux avant l’élection présidentielle du 3 novembre.
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Jusqu’où ira-t-il? A l’image de Jupiter qui brandit la foudre, Donald Trump nous a habitués aux turbulences, aux coups de folie et à la démesure. Il nous a habitués à le voir dépeindre les médias en «ennemis du peuple», ignorer l’indépendance de la justice, agir en parfait autocrate. Et c’est bien là que réside le principal danger (et la force du président américain): les contre-pouvoirs censés œuvrer comme paratonnerre pour contenir les dérives présidentielles sont presque paralysés, et le citoyen engourdi. Donald Trump agit un peu comme un poison injecté au goutte-à-goutte dans les veines de la démocratie américaine.
A quelques semaines d’une élection qui se déroule dans un climat délétère et surréaliste, répétons-le: avec son mépris pour les normes constitutionnelles, Donald Trump fragilise les institutions et représente un danger pour la démocratie américaine. Bien sûr, il n’est pas à l’origine de ces dysfonctionnements: il n’en est que le symptôme. Reste que le président agit toujours plus en agent déstabilisateur. En dénonçant à l’avance des élections «truquées», il se prépare déjà à contester une éventuelle défaite le 3 novembre, et saborde tous les mécanismes en place. Du jamais-vu.
Il ne s’agit pas, ici, de juger Donald Trump sur son programme politique ou économique, mais bien de disséquer son comportement en tant que président d’une nation en crise. Ceux qui le soutiennent les yeux fermés devraient avoir ceci à l’esprit: Donald Trump est probablement le plus anti-américain des présidents. Car comment peut-il se revendiquer patriote alors qu’il profite de graves tensions raciales pour exacerber encore davantage les divisions de la société américaine et encourager un climat insurrectionnel? Comment peut-il prétendre protéger les Américains alors qu’il dit avoir sciemment minimisé la dangerosité du coronavirus, qui a déjà provoqué plus de 190 000 morts? Est-ce cela, «rendre à l’Amérique sa grandeur»?
Ce week-end, Donald Trump a encore provoqué l’incrédulité et l’ire des autorités locales du Nevada en organisant le premier meeting électoral en intérieur. Faudra-t-il compter les morts dans les semaines à venir? Et des rumeurs délirantes issues du magma conspirationniste vont jusqu’à accuser les démocrates d’être à l’origine des incendies de la côte Ouest. Pendant ce temps, des citoyens armés jusqu’aux dents sont prêts à faire justice eux-mêmes dans les rues. L’Amérique baigne dans un dangereux climat, propice au chaos.
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