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Des échos problématiques sur la frontière sino-russe

OPINION. La rhétorique russe qui souligne l’importance de «récupérer et se renforcer» peut avoir des échos délicats en Chine, qui considère toujours avoir illégitimement perdu les territoires du Priamourié et du Primorié, rappelle Iacopo Adda, doctorant au Global Studies Institute

La ville russe de Blagovechtchensk, séparée de sa voisine chinoise Heihe (à l'arrière-plan) par le fleuve Amour, novembre 2017. — © KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP
La ville russe de Blagovechtchensk, séparée de sa voisine chinoise Heihe (à l'arrière-plan) par le fleuve Amour, novembre 2017. — © KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP

Après quatre séries de débats consacrés à la justice internationale, aux addictions, à l'Afrique, et à la sécurité, c'est au tour de Korine Amacher, professeure d’histoire russe et soviétique à l’Université de Genève, de donner la parole à celles et ceux qui ont consacré leur vie à étudier l’histoire, la culture, la littérature, l’art et les sociétés d’Europe centrale et orientale.

Notre dossier: Russie-Ukraine, archipel de la guerre

La Russie et la Chine affichent un fort lien idéologique avec le fantôme de leur passé impérial. Peu de choses suscitent autant la nostalgie de ce passé que les représentations des corps géographiques de formations étatiques qui n’existent plus. A l’instar d’une photographie, une carte fige les frontières d’un sujet étatique dans un moment spécifique de l’histoire. Elle dessine un «corps géographique» qui peut s’imposer comme un fétiche idéologique à mobiliser pour atteindre des buts politiques ou revendiquer des territoires.

Depuis le début de l’agression militaire contre l’Ukraine, nous sommes témoins des tentatives rhétoriques du pouvoir russe de justifier une guerre qui, en Russie, ne peut être nommée ainsi. Le 9 juin, lors du 350e anniversaire de la naissance de Pierre le Grand, Poutine a fourni une explication inédite des raisons de «l’opération spéciale» en Ukraine. Selon lui, lors de la guerre du Nord (1700-1721), Pierre n’a pas «conquis des territoires suédois» mais il a «récupéré» des territoires faisant partie de l’héritage slave.De la même façon, la guerre en Ukraine permettra à la Russie de «récupérer» des territoires sur lesquels elle considère avoir un droit historique et civilisationnel inaliénable. «Récupérer et se renforcer», voici les mots d’ordre de Poutine, parce que «récupérer» est considéré par lui comme un droit des Russes, et «se renforcer» garantira la survie de la patrie.

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