Ecologie, au-delà des symboles
Ecologie
La prise de conscience de la crise écologique annoncée a besoin de symboles pour parler à nos émotions, mais aussi de science pour parler à notre raison

Déjà surexploitée, polluée, malmenée, notre planète sera-t-elle très bientôt inhabitable? Le 2 août, nous «célébrions» le Jour du dépassement de la Terre, date à partir de laquelle notre consommation de ressources naturelles a dépassé les capacités annuelles de notre planète. Rejets de CO2, déforestation, surpêche: les activités humaines ne permettent plus aux écosystèmes de se renouveler, dénonce l’institut américain Global Footprint Network, organisateur de cette journée.
Situé en plein creux de l’été, l’événement aurait pu passer inaperçu. Pourtant, son importante couverture médiatique, autant que les nombreuses réactions partagées sur les réseaux sociaux, témoigne de l’intérêt teinté d’effroi que suscite ce jalon. Cette journée a beau être un indicateur imparfait – qui aurait même tendance à sous-estimer la gravité de la situation en ne prenant pas en compte certains aspects comme l’érosion de la biodiversité –, elle a le mérite de rendre palpable l’empreinte écologique humaine, une notion difficile à appréhender.
Des emblèmes
Ces symboles et les images fortes qui leur sont associées sont précieux dans notre travail de journaliste. Un iceberg géant qui se détache de l’Antarctique, un record de température, l’extinction d’une espèce animale emblématique… Autant de figures qui parlent directement à nos émotions et ont le pouvoir de nous mobiliser, davantage que de longues analyses. Ces emblèmes sont d’autant plus nécessaires que la dégradation de l’environnement se joue souvent de manière insidieuse, sans tambour ni trompette.
S’appuyer sur des symboles pour alerter est donc primordial. Mais au Temps, nous avons aussi l’ambition d’informer en nous basant sur les meilleures données scientifiques disponibles. Elles sont nombreuses, ces études qui n’ont pas attendu ce Jour du dépassement de la Terre pour documenter l’ampleur de la catastrophe écologique actuelle. Et nous essayons de les vulgariser régulièrement pour nos lecteurs dans nos pages.
Se baser sur la science, c’est parfois prendre le risque d’évoquer des incertitudes, de s’aventurer au-delà des symboles, lorsque ceux-ci s’avèrent trop simplificateurs. C’est aussi éviter de céder au sensationnalisme et à l’alarmisme, qui déresponsabilisent – si la planète est si mal en point, pourquoi ferais-je des efforts? Cette rigueur scientifique constitue à nos yeux la meilleure des défenses contre ceux qui nient les atteintes à notre planète, climatosceptiques en tête.
Le Temps publie des chroniques et des tribunes – ces dernières sont proposées à des personnalités ou sollicitées par elles. Qu’elles soient écrites par des membres de sa rédaction s’exprimant en leur nom propre ou par des personnes extérieures, ces opinions reflètent le point de vue de leurs autrices et auteurs. Elles ne représentent nullement la position du titre.