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2020, ou l’examen manqué

ÉDITORIAL. Sur le plan politique aussi, la pandémie a été un désastre. Malgré des signes d’un sursaut

Quoi qu’il arrive, l’année 2020 sera difficile à oublier. Mais ce sont les suivantes qui lui donneront sa pleine signification. — © Alex Plavevski/EPA via Keystone
Quoi qu’il arrive, l’année 2020 sera difficile à oublier. Mais ce sont les suivantes qui lui donneront sa pleine signification. — © Alex Plavevski/EPA via Keystone

Soyons francs, cette année de pandémie n’a pas seulement été celle d’une catastrophe sanitaire à l’échelle planétaire. Elle a aussi représenté un vrai désastre du point de vue de la gouvernance mondiale. La «communauté internationale», pour l’appeler de cette manière, a brillé par son absence. Les égoïsmes nationaux et locaux l’ont emporté un peu partout, faute de la moindre stratégie commune. Coïncidant aux Etats-Unis avec les dernières pantalonnades (en date) de Donald Trump, au Royaume-Uni avec le triste cirque du Brexit et, ailleurs, avec l’affirmation décomplexée de petits et de grands potentats, cette épreuve a de quoi désespérer. Si, par malheur, le covid devait préfigurer d’autres grandes calamités à venir, tel le changement climatique, le verdict est inquiétant: le monde n’est tout simplement pas prêt à les affronter.

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Mais, fort heureusement, tout n’est pas à jeter dans cette année test. Les vaccins, que personne n’attendait si rapidement, ont surgi en un temps record. Sur le plan politique, à l’heure de décider un plan de relance, l’Union européenne n’a pas flanché face à la Hongrie et à la Pologne en refusant hardiment de transiger sur ses valeurs démocratiques. De même, l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche devrait s’accompagner d’une mise à plat des éléments qui ont commencé à faire dérailler l’une des plus grandes démocraties de la planète.

Ces signes d’un sursaut ne sont pas de trop. Face à eux, la Chine est l’un des seuls Etats à se trouver mieux aujourd’hui qu’il y a un an. Loin d’assumer sa responsabilité dans la propagation du virus, elle peut rêver de plus belle de forger des alliances et d’exporter sans complexe son modèle autoritaire. La fermeture, le contrôle des citoyens par la technologie et le rejet des minorités sont autant de formules qui font le délice des adeptes des régimes «forts». Or ils risquent d’avoir de nouveau le vent en poupe, à mesure que se feront sentir les conséquences économiques à long terme de la pandémie.

Quoi qu’il arrive, l’année 2020 sera difficile à oublier. Mais ce sont les suivantes qui lui donneront sa pleine signification.

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