2021, année de tous les dangers pour le tourisme suisse
ÉDITORIAL. Les milieux touristiques comptent de nouveau sur les Suisses et les Suissesses pour sauver les meubles. Après une année de restrictions et de contraintes, ils vont devoir composer avec les rêves d’évasion d’une population fatiguée

Confiné devant son écran à la maison ou masqué à son poste de travail, qui n’a pas rêvé au moins une fois ces dernières semaines à une belle plage de sable fin s’étendant à perte de vue? Après une année de lutte éreintante contre un virus coriace, le besoin d’évasion est croissant et évident.
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Mais très vite, à la perspective alléchante de vacances balnéaires ou culturelles à l’étranger se superposent les images de ces restaurateurs, de ces hôteliers qui hurlent depuis des mois leur frustration et leur détresse. En filigrane de ces réflexions se glissent pour beaucoup d’entre nous aussi les clichés attendrissants de ces vacances passées at home en 2020.
A cet égard, la campagne de promotion que Suisse Tourisme vient de lancer est particulièrement habile: après avoir dragué pendant des années les clients chinois et indiens, l’agence de marketing nationale veut faire de la durabilité sa nouvelle boussole.
Vacances en Suisse 2.0
Venir titiller notre bonne conscience, tout en faisant vibrer notre corde sensible. Avouez que c’est plutôt bien pensé. Bis repetita. Nous voici donc repartis pour une deuxième saison du feuilleton «Vacances en Suisse». Soutenir l’économie nationale tout en réduisant notre vilain bilan carbone a tout d’un fantastique plan de relance dont tout le monde sort gagnant.
Sauf que. Habitacle de nos rêves et de nos émotions, le voyage vaut bien plus qu’une simple comptabilité économique et écologique. Synonyme de dépaysement, de découvertes et d’aventures, il pourrait bien ne pas se résumer cette année à une opération de sauvetage du tourisme suisse. Surtout que les tests et les vaccins élargissent lentement le champ des possibles.
Alors que les enjeux environnementaux sont toujours mieux intégrés, la volonté de se tourner vers les touristes de proximité est légitime et louable. Mais il faudra bien plus qu’une simple déclaration d’intention pour faire de la Suisse une véritable destination durable. Et c’est aussi – et surtout – en offrant un rapport qualité-prix irréprochable que les hôtels séduiront sur le long terme une clientèle helvétique et européenne.
Cette année, il n’est pas sûr que la demande indigène sera à la hauteur des attentes énormes des milieux touristiques. Mais si les prestataires ont su se montrer convaincants en 2020, il n’y a aucune raison que la clientèle locale ne revienne pas rapidement et plus souvent.
Au concept trop souvent creux de tourisme durable pourra alors se substituer celui de relation… durable.
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