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Depuis le 24 février, la Suisse n’est plus la même

ÉDITORIAL. Le Conseil fédéral a décidé d’octroyer une aide supplémentaire de 140 millions à l’Ukraine et à la Moldavie. Il répond ainsi à ceux qui considéraient que la Suisse n’était pas assez généreuse. Pour Ignazio Cassis, la Suisse en fait assez

Ignazio Cassis et Alain Berset sont venus annoncer ce mercredi que la Confédération allait verser 140 millions supplémentaires à l’Ukraine et à la Moldavie. — © Peter Schneider/Keystone
Ignazio Cassis et Alain Berset sont venus annoncer ce mercredi que la Confédération allait verser 140 millions supplémentaires à l’Ukraine et à la Moldavie. — © Peter Schneider/Keystone

La guerre en Ukraine a changé le monde. Y compris la Suisse. Le pays n’est plus le même depuis un an. Les autorités ont dû se positionner sur les plans diplomatique, économique et humanitaire. Leurs décisions ont été parfois contradictoires et pas toujours lisibles. La population a été bien plus impressionnante en se montrant extrêmement solidaire: par ses dons sans précédent et par l’accueil des réfugiés. En matière migratoire, le Conseil fédéral s’est montré exemplaire en activant pour la première fois le statut de protection S accordé à plus de 75 000 personnes.

Toutefois, après un an de guerre, les enjeux sont de taille pour la nouvelle conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider: poursuivre l’accueil dans des conditions acceptables, améliorer l’intégration scolaire et professionnelle, et éviter que les autres migrants ayant besoin de la protection de la Suisse ne soient discriminés.

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Une étude de l’Institut allemand pour l’économie mondiale de Kiel montre d’ailleurs que la Suisse – en proportion de sa population – figure au troisième rang des pays d’Europe occidentale qui ont accueilli le plus de réfugiés. Par contre, les mêmes chercheurs sont beaucoup plus sévères concernant l’aide humanitaire. La Confédération figure parmi les nations les moins généreuses. Un classement qui a eu le don d’irriter Ignazio Cassis, mais qui a probablement aussi joué un rôle dans la décision du Conseil fédéral de verser enfin 140 millions supplémentaires à l’Ukraine et à la Moldavie.

Cacophonie autour de la réexportation des armes

Cette guerre a aussi forcé le gouvernement à questionner la neutralité. Mais son positionnement crée un certain malaise. Il y a tout d’abord eu le flou concernant la reprise des sanctions économiques de l’Union européenne. Puis l’échec cuisant d’Ignazio Cassis de faire passer son nouveau concept de neutralité coopérative. Sans oublier la cacophonie actuelle autour de la réexportation des armes suisses. Gouvernement et parlement se renvoient la balle. Les commissions multiplient les propositions générant incertitudes et impatience auprès de nos partenaires européens. Même Le Monde s’est fendu d’un éditorial affirmant que la Suisse ne pouvait plus se retrancher derrière la neutralité concernant les exportations d’armes.

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La Suisse en fait-elle assez dans cette crise sans précédent? Ignazio Cassis ne cesse de répondre oui. L’histoire jugera.


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