Alain Berset forcé de faire mieux qu’Ignazio Cassis
ÉDITORIAL. Le bilan du Tessinois comme président de la Confédération est en demi-teinte. Tous les regards se tournent vers son successeur, lui aussi sous pression

La Suisse n’a pas de chef d’Etat. Ou plutôt elle en a sept. Cette fonction n’est donc pas occupée par le président de la Confédération, mais par l’ensemble du collège. Ce système, parfois incompris à l’étranger, sera soumis à un sacré défi en 2023. La Suisse siégera pour la première fois de son histoire au Conseil de sécurité de l’ONU. Elle sera donc confrontée à des prises de décision rapides, mais qui ne pourront pas être le seul apanage du président Berset.
Autre enjeu majeur, la question de la neutralité, qui pourrait être un frein lors de certaines discussions à New York. Cette thématique a d’ailleurs fait débat suite à l’éclatement de la guerre en Ukraine et au positionnement de la Suisse. Maladroitement et sans le soutien de ses collègues, Ignazio Cassis a même voulu créer un nouveau concept: la neutralité coopérative. Le Tessinois avait mal choisi son timing, comme il avait tergiversé au début de l’invasion russe. Ces hésitations ont encore affaibli un ministre isolé au sein du collège.
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Contrairement à Guy Parmelin l’année précédente, Ignazio Cassis n’a pas réussi à passer de ministre à homme d’Etat. Trop hésitant, insuffisamment rassembleur, il ne sera pas un président pour l’histoire. Reconnaissons-lui tout de même un succès: la conférence de Lugano sur l’Ukraine. Depuis le 1er janvier, le Tessinois se consacrera uniquement à son département, et c’est bien ainsi, car la double casquette de ministre des Affaires étrangères et de président de la Confédération constitue un désavantage pour la diplomatie suisse.
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Ainsi, en 2023, elle pourra compter sur la scène internationale avec Ignazio Cassis et Alain Berset. C’est une force, mais aussi une source d’inquiétude, car les relations entre les deux hommes sont plutôt tendues. Ce sera d’ailleurs un des défis majeurs d’Alain Berset: former un esprit d’équipe au sein du gouvernement. L’arrivée d’Albert Rösti et Elisabeth Baume-Schneider créera une nouvelle dynamique. Toutefois, le climat ne s’annonce pas pour autant serein. L’UDC et le PLR se sont réconciliés pour se répartir les départements phares des Finances et de l’Environnement, et conserver les Affaires étrangères. Les quatre ministres feront-ils bloc ou des alliances de circonstance resteront-elles possibles? A cela s’ajoute le refus de Viola Amherd de quitter la Défense, qui diminue son poids politique.
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Alain Berset devra donc gérer ce collège au moment où lui-même est sous pression. Il n’a pas réussi à changer de département et a réalisé un score très moyen pour l’élection à la présidence. Mais le socialiste fribourgeois est toujours plus fort dans l’adversité.
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