Six morts et huit blessés. C’est le bilan – provisoire – de l’effondrement d’une partie du glacier de la Marmolada, le 3 juillet dans les Alpes italiennes. Un terrible accident qui porte la signature des changements climatiques. Déstabilisé par des décennies de réchauffement, le géant de glace a cédé après un hiver particulièrement aride et un début d’été caniculaire, emportant avec lui les malheureux alpinistes qui le gravissaient.

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Ce drame vient nous rappeler que le changement climatique n’est pas qu’une menace vague, susceptible de survenir dans un futur incertain ou à l’autre bout du monde. Le réchauffement tue déjà aujourd’hui, et à nos portes. Dans certains cas, il s’agit de morts spectaculaires liées à des événements catastrophiques, comme l’effondrement de la Marmolada, ou comme les inondations monstres qui avaient frappé l’Allemagne et la Belgique l’été dernier, faisant plus de 200 victimes. Des tragédies qui marquent les esprits.

Canicule meurtrière

Mais le réchauffement tue aussi de manière insidieuse. Les vagues de chaleur, qui se multiplient et s’intensifient, emportent ainsi de nombreuses personnes âgées ou déjà souffrantes. Jusqu’à peu, ces décès n’étaient que rarement mis en lien avec le réchauffement, mais des études scientifiques permettent désormais de le faire. On estime ainsi que la canicule de 2003, la plus meurtrière en Europe, avait fait 60 000 morts sur l’ensemble du continent, dont 1000 rien qu’en Suisse.

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Si l’impact global du réchauffement sur la mortalité reste difficile à évaluer au niveau mondial, on sait qu’il touche principalement les populations les plus vulnérables, qui ne peuvent pas se protéger de ses effets. Selon le dernier rapport du GIEC, entre 2010 et 2020 les taux de mortalité dus aux inondations, aux sécheresses et aux tempêtes étaient quinze fois plus élevés dans les régions très vulnérables aux impacts du changement climatique – notamment en Afrique subsaharienne, dans le sud de l’Asie, en Amérique centrale et du Sud, mais aussi dans les petits Etats insulaires – en comparaison de ceux de zones moins touchées. Alors que bon nombre de ces victimes restent douloureusement anonymes, le drame survenu dans les Alpes italiennes devrait davantage nous faire prendre conscience de ces «morts du réchauffement» et nous inciter à agir pour en limiter le nombre.

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