Résultat: la machine à récupération n’a pas attendu. La politique migratoire, les réglementations européennes, l’agenda parlementaire, les dispositifs de sécurité… tout y est passé quelques minutes à peine après le drame. Et ce même si la procureure chargée du dossier ne voit pour l’instant «aucun mobile terroriste apparent» derrière le geste de ce réfugié syrien qui semble vivre légalement sur le territoire européen depuis dix ans. L’assaillant se présentait par ailleurs comme un «chrétien de Syrie» agissant «au nom de Jésus». Des informations qui devraient imposer un délai de réflexion avant de tirer des conclusions et d’exiger des réformes. Ce qu’une partie de l’échiquier politique français n’a pas fait. Bien au contraire.
On le voit, le traumatisme d’années de terrorisme islamiste en France est profondément ancré. Et la violence des débats que ces attentats ont provoquée au fil du temps a eu une telle influence sur le paysage idéologique français que, même après deux ans d’apaisement, la rapidité et l’irrationalité de certaines réactions révèlent, outre l’inflammabilité du paysage politique actuel, la vivacité d’émotions qui sont toujours là, toujours aussi fortes. Au risque d’envenimer la situation.
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