Avec son collègue Jacques Herzog, Pierre de Meuron a été aux avant-postes de cette tendance, et l’un de ses principaux prestataires. Le prestige ajoutant au prestige, les prix qu'on se distribuait dans la corporation venaient couronner ce mouvement. Le binôme bâlois a reçu le Prix Pritzker en 2001, dans la foulée de Renzo Piano, Norman Foster, Rem Koolhaas. Avant eux, Frank Gehry, Christian de Portzamparc, et après, Zaha Hadid, Richard Rogers, Jean Nouvel sont autant de représentants de cette architecture des grands gestes, souvent qualifiée d’immodeste. Et désormais décriée: voraces en ressources et en énergie, difficiles d’entretien, nombre de ces bâtiments semblent à présent incarner le vieux monde – celui de la croissance infinie et de la mondialisation heureuse.
Faire tissu commun
Les temps changent. Aujourd’hui, Pierre de Meuron dit qu’il se consacre davantage à l’urbanisme qu’à l’architecture. C’est-à-dire davantage à ce qui fait tissu commun et contribue à la qualité de vie de toutes et tous. Dans son travail, la vision d’ensemble et l’approche systémique priment; l’esthétique est mise au service de l’environnement et des gens. Cette année et la précédente, le Pritzker a couronné des architectes réputés pour leur travail social, économe, humble, local – Lacaton & Vassal en 2021, Francis Kéré en 2022.
William Faulkner disait de l’architecture qu’elle était le mobilier du temps. Or, les temps changent. Et les architectes aussi.