Arrêtons de balader les gens du voyage
ÉDITORIAL. Les gens du voyage étrangers ne sont pas les bienvenus, ni dans l’Ouest lausannois ni sur un parking à proximité de la patinoire de Bienne. Les communes et les cantons se renvoient la balle. Cette question doit être réglée solidairement par les cantons romands

Les images choquent. Trois communes de l’Ouest lausannois ont déplacé, la semaine dernière, des bennes de chantier pour empêcher une quarantaine de caravanes de s’installer sur leur territoire. Certes, il ne s’agit pas de tomber dans l’angélisme et d’oublier les dégâts commis l’an dernier à Bussigny. Mais en se barricadant, elles n’ont rien résolu. La position de Renens la rouge, où les sept municipaux sont de gauche, interpelle tout particulièrement. Conséquence, comme très souvent en Suisse, ce sont les villes-centres qui doivent remédier aux manquements de leurs voisines. Du coup, les gens du voyage se retrouvent entassés à la Bourdonnette, sur le territoire lausannois. Tension aussi à Bienne, où une dizaine de caravanes occupent, à quelques jours du début des play-off, un parking réservé aux visiteurs VIP du HC Bienne.
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De tels scénarios se répètent chaque année lorsque ces communautés venant de France rejoignent la Suisse au printemps pour y multiplier les petits boulots: le nombre de caravanes dépasse très largement le nombre de places disponibles pour les accueillir. D’autant que tous les cantons ne tirent pas à la même corde: Neuchâtel n’ouvre son site de la Vue des Alpes que le 1er avril et Genève ne dispose toujours pas d’aire d’accueil pour stationner temporairement. Et même les cantons un peu plus généreux ne collaborent pas.
Solution pragmatique à trouver
Concernant les Yéniches, qui sont Suisses, de réels progrès ont été réalisés ces dernières années. L’Office fédéral de la culture s’est investi pour eux, au nom des minorités protégées. Des places sont en train d’être installées sur tout le territoire, même si des oppositions demeurent. Mais pour ceux qui viennent de l’étranger, la réponse est essentiellement sécuritaire et leurs interlocuteurs sont avant tout les forces de l’ordre, même si dans le canton de Vaud un préfet est désigné pour gérer ce dossier explosif.
Par définition, les gitans ne connaissent pas les frontières, les solutions dépassent donc les clivages communaux et cantonaux. Bien que le sujet soit embarrassant, une véritable politique concertée est nécessaire au niveau des six cantons romands et de Berne – le phénomène ne touche pratiquement pas la Suisse alémanique. Les communes sont aussi appelées à se montrer solidaires. Comme à Bienne, qui serait prête à mettre à disposition un terrain, pour autant que ses plus petites voisines participent au financement du projet. Ces mesures doivent aussi être prises en concertation avec les communautés concernées, même si elles ne parlent pas toutes d’une seule voix. Malgré une certaine méfiance réciproque, le dialogue reste possible et il passe par la mise en place d’un cadre précis: des places de stationnement supplémentaires en échange du respect des règles, y compris en termes d’autorisation de travailler. Sans naïveté, mais avec pragmatisme.
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