Autour de l’Ukraine, une inquiétante escalade

Votre article commence par une grossière erreur - à moins qu'il ne s'agisse d'une formulation pour le moins maladroite ? En effet, le traité New Start n'est pas entré en vigueur après la crise de Cuba il y a 60 ans, mais bel et bien en février 2011, soit il y a à peine 12 ans (https://en.wikipedia.org/wiki/New_START).
Vous omettez ensuite de préciser que si Moscou suspend sa participation, elle ne se retire pas du traité - la nuance est de taille. Au contraire, vous évoquez - de manière tout à fait erronée - un accord “aboli“, ce qui n'est absolument pas le cas.
En revanche, il a relativement peu été question, il n'y a pas si longtemps, du retrait - pour de bon, cette fois - des États-Unis d'un accord réellement historique (INF), puisque signé il y a 35 ans par les présidents Reagan et Gorbatchov. (https://www.bbc.com/news/world-us-canada-49198565).
De même, presque aucun média n'a parlé du changement de doctrine de frappe nucléaire officialisé par les États-Unis en avril 2022 (et déjà dans l'air depuis 2017/18...), selon laquelle ce pays se permet dorénavant d'utiliser l'arme nucléaire en première frappe et non plus seulement comme riposte (https://www.armscontrol.org/act/2022-04/news/biden-policy-allows-first-…). Nul doute que le jour où la Russie annoncera un revirement similaire, ce sera une levée unanime de boucliers, accompagnée de cris d'orfraies.
Vous évoquez ensuite des déclarations (prétendument) belliqueuses des Russes et des Chinois, alors que ce genre de rhétorique de la part de l'OTAN et de l'UE - sans parler des agitations d'enfant gâté de l'autre Vladimir (ou Volodymyr, comme si la transcription latine du cyrillique devait montrer la différence ô combien fondamentale entre Russes et Ukrainiens) , s'affiche dans tous les médias depuis une année.
La principale raison, précisément, pour laquelle rien ne laisse présager une fin de ce conflit, est la volonté continuellement affichée et déclarée de l'OTAN (donc des É.-U.) et de ses marionnettes ukrainiennes et européennes - qui envoient sans vergogne au casse-pipe de la chair à canon ukrainienne, créant une génération tout entière d'orphelins - de poursuivre ce conflit jusqu'à la victoire finale (des armes sur l'humanité?). Un conflit au demeurant déjà préparé depuis 2014, puisque les Accords de Minsk, de l'aveu même de Mme Merkel (https://www.zeit.de/2022/51/angela-merkel-russland-fluechtlingskrise-bu…), ne visaient qu'à donner à l'Ukraine du temps pour préparer une nouvelle guerre. Il faudrait en dire encore long sur cette guerre qui, comme bien d'autres crises qui se succèdent depuis quelque temps, profitent toujours à une élite (finance, pharmas, pétroliers, négociants en matières premières, vendeurs d’armement, etc.) et à quelques idiots utiles - mais en tout cas pas aux peuples serviles dont on construit l'adhésion et le consentement par des formules depuis longtemps éprouvées - la peur, la haine, la désignation d'un bouc émissaire...
Ce billet ne fait hélas pas exception à l’habitude d’un journalisme partisan et aux sources souvent douteuses, paradoxalement vecteur bien plus important de fake news que les réseaux sociaux - qui ont bon dos... Ces derniers sont pourtant riches d’une véritable pluralité d’opinions et d’informations, aux antipodes de la pensée quasi unique observée chez les grands médias dans leur analyse des sujets d’actualité.

@Georges B.,

A propos du changement de doctrine de frappe nucléaire introduit par le président Biden en avril 2022, vous écrivez:

"Nul doute que le jour où la Russie annoncera un revirement similaire, ce sera une levée unanime de boucliers, accompagnée de cris d'orfraies."

Vous omettez de dire que la Russie se réserve le droit d'utiliser l'arme nucléaire en premier, y compris en cas d'agression avec les seules armes conventionnelles, et ceci depuis 2020 déjà, comme le même article de l'"Arms Control Association", que vous citez, le précise pourtant:

"The Russian nuclear weapons use policy is similar to the U.S. policy. It states that Russia “reserves the right to use nuclear weapons,” including when Moscow is acting “in response to the use of nuclear and other types of weapons of mass destruction against it and/or its allies, as well as in the event of aggression against the Russian Federation with the use of conventional weapons when the very existence of the state is in jeopardy.” (See ACT, July/August 2020.)"
(https://www.armscontrol.org/act/2022-04/news/biden-policy-allows-first-…)

S'agirait-il d'un oubli volontaire de votre part?

@ George B On croit rêver: une aggression militaire caractérisée avec violation d’une frontière internationalement reconnue et confirmée par les accords de Budapest en 94, avec force morts et exactions, par un régime russe dictatorial qui a museler toute opposition, et vous nous servez la soupe de la faute occidentale au travers d’une logorrhée sans fin de clichés paranoïaques ? Les commentaires du Matin vous attendent avec impatience, vous vous y sentirez en famille…

@George B.: votre commentaire est pratiquement indistinguable de la propagande poutinienne la plus éhontée... Pour y voir plus clair et éviter de se laisser piéger par cette propagande, il faut voir ou revoir (et faire connaître), sur le site d'arte.tv, la série de reportages diffusée le mardi 21 février 2023. Cela permet de revenir à l'essentiel: cette guerre est une agression unilatérale, totalement et rigoureusement illégale, qui donne lieu à une effarante liste de crimes de guerre. Les preuves recueillies concernent déjà quelque 27.000 dossiers. Et cette agression se solde déjà par largement plus de 300.000 vies détruites gratuitement, pour rien.

George B. Vos idées et votre discours est d’accord avec l’agression de Putin à l’Ukraine, donc criminel, dictatorial et pervers car, il dit, que c’est l’élite occidental qui a commencé l’opération militaire spécial et qu’il ne fait que se proteger.

Georges B., quand vous parlez des "déclarations (prétendument) belliqueuses des Russes", vous estimez que l'invasion de la Crimée puis du Donetsk en 2014, puis de l'ensemble de l'Ukraine en 2022, sont des actions "prétendument belliqueuses" ? (et je limite la liste à l'Ukraine, il y a d'autres pays qui ont subit le même sort, et vous le savez très bien).

Lorsque Poutine dit de l'occident (discours de cette semaine), "la destruction des familles, des identités culturelles et nationales, la perversion et la maltraitance des enfants jusqu’à la pédophilie, sont déclarées comme étant la norme [en occident]", vous trouvez qu'il s'agit d'un discours apaisant ?

Sachant que Moscou finance des fermes à Troll dont le rôle est d'apporter la confusion dans les débats, êtes vous payé par Moscou ? Ou bien vous êtes un bénévole enthousiaste au service d'un pays aux visées clairement expansionnistes et guerrières ?

@ Georges B.

Vous avez oublié de parler des labos biologiques en Ukraine, de Hunter Biden, de Davos, du grand risette et du new world ordaire. Étonnant !

Vous devriez plutôt sur le blog de la Suzette avec le reste de la coterie archi-minoritaire des complotistes dont l'avis n'intéresse personne.

Deux détails :
1. Ce "débat" s'avère proprement surréaliste : Georges B énumère des faits sourcés qui sont , concédons-le, fort gênants. N'a-t-on rien d'autre à lui répondre qu'une accusation de propagandiste ? C'est maigre, très maigre.
2. Au delà de l'Ukraine, il serait bon pour certains de revisiter le rôle des USA. Lisez L'Ami Américain de l'Historien Eric Branca.
https://www.babelio.com/livres/Branca-Lami-americain/984370

Moi aussi je suis d'accord avec George B. On peut très bien soutenir que les Américains et l'OTAN sont méchants (ils attisent le feu) sans pour autant être pro-Poutine, lui aussi méchant. À la fin, c'est enfantin de se soucier de qui a commencé si il s'agit d'éviter une troisième guerre mondiale. Ils sont tous coupables.

Il serait stupide de penser que les Américains n'ont pas un intérêt géopolitique à faire durer cette guerre. Plus que Poutine même, vu qu ça ne se passe pas très bien pour lui. Prétendre le contraire, c'est tout simplement être influencé par la propagande américaine (elle existe, cf Irak).

Les civiles, les soldats (des deux côtés!), ce sont eux les victimes. Et les gagnants? Ben réfléchissez, il y en a à qui cette guerre profite. Alors, il faut tout faire pour que l'industrie Suisse de l'armement puisse avoir sa part du gâteau, euh pardon, qu'elle soutienne le vaillant peuple ukrainien qui défend nos valeurs.

@Antonin Pierre N.,

A propos de vos "deux détails",

1) Les "faits sourcés" que Georges B. énumère n'ont-ils pas leurs sources bien cachées? En effet, si vous avez lu mon premier commentaire, vous aurez peut-être remarqué que l'article sur lequel s'appuie G. B., qui se garde bien de le mentionner, dit en réalité l'exact contraire de ce que l'intéressé affirme, soit que si Joe Biden a opté pour l'option de frappe nucléaire "en premier" la Russie l'a fait bien avant lui. Qui donc distille des "fake news"?

2) Le livre d'Eric Branca est sans doute très intéressant, mais que vient faire l'évocation du Grand Charles dans ce débat? Sauf à vouloir en faire un sosie de Poutine, ex-agent du KGB et président de droit divin (l'autre ex-agent du KGB, son guide spirituel et patriarche de toutes les Oliogarchies, Monseigneur Kalachnikov 1er, promoteur de la Guerre Sainte contre pédophiles syndiqués et autres pervers trans-genres, dixit), de Gaulle était un militaire de carrière sans se prendre pour Charlemagne ou Saint Louis pour autant alors que, pas plus que son ministre de la Défense, le tsar de carnaval et néanmoins commandant en chef des forces armées russes actuel n'a fait un seul jour de service militaire. Mieux, n'apprend-on pas ces jours-ci qu'au matin du 24 février dernier, tandis que ses chars envahissaient l'Ukraine, l'héroïque petit père des peuples réduits au silence par ses soins s'était planqué dans son bunker pour mieux suivre son "Opération Militaire (très) Spéciale", laissant au groupe Wagner - curieux, cette évocation du compositeur préféré d'Adolphe Hitler de la part de croisés anti-nazis, non? - le soin d'envoyer son gibier de potence à la boucherie pour mieux se laver les mains du carnage? Ne rappelle-t-il pas en effet de Gaulle sauvant jadis la France non moins héroïquement planqué derrière son micro dans les salons feutrés de la BBC à Londres?

Le seul trait commun, s'il en était un, entre de Gaulle, qui n'a pu admettre d'avoir été tenu à l'écart des accords de Yalta par les Alliés, et le fils de cuisinier des Grands qui n'a toujours pas digéré la chute de l'URSS et ne se prend pas moins pour la synthèse d'Ivan le Terrible, de Pierre Le Grand, dont toute la politique était pourtant ouverte à l'ouest, de Nicolas 1er et de Staline dans sa Croisade contre l'Occident pervers, c'est que pour l'un et l'autre l'ère des empires, c'est fini.

Proprement surréaliste, non?

En tant que Tchécoslovaque d'origine, réfugiée en Suisse, croyez-moi, vivre sous le joug des Russes est pire que tout. Il n'est pas étonnant que les Ukrainiens aient envie de préserver leur indépendance et, à terme sans doute, faire leur demande de rejoindre l'UE et/ou l'OTAN. Pour ceux qui ne comprennent pas cela, il n'est pas totalement impossible d'aller vous installer chez Poutine...

Je trouve la discussion du niveau du débat dans nos médias. On peut, on doit s'opposer à Poutine. Et si on veut être objectif, on peut, on doit s'opposer aux guerres d'agressions américaines qui ont entrainé des millions de morts civils sensées apporter le démocratie (Viêtnam, Iraq, Lybie, Yougoslavie, Afghanistan...) Personne n'est dupe. Dans le monde, maintenant multipolaire, plus personne ne croit les américains (je lis la presse officielle et des blogs indiens, en Afrique du Sud mais aussi au Brésil).

Autant les russes utilisent l'argument de leurs frères russophones pour envahir l'Ukraine, autant les USA usent et abusent de l'argument démocratique pour justifier leur soutien. Ceci étant, vous avez de l'ordre de 50000 ukrainiens qui se battent dans le Donbass aux côtés des russes pour leur autodétermination (c'est un fait !) comme les kosovars se battaient pour leur autodétermination en Serbie. On voit que la vision de l'intangibilité des frontières est à "géographie" variable... Et nous en Europe, c'est vrai que nous sommes les laquais des USA. Maintenant, a-t-on le choix ?

@ D. R.
Vous avez raison de le mentionner car justement, il ne s'agirait pas, dans ce cas, de frappes préventives ou dissuasives (“deterring“), telles que les envisagent les États-Unis. En effet, le seul cas de figure où la Russie envisagerait éventuellement une réponse nucléaire à une agression “conventionnelle“ serait en cas de menace absolue contre son existence ("when the very existence of the state is in jeopardy"). La nuance est, là aussi, essentielle (s'agirait-il d'un oubli volontaire de votre part ? 😉)
Le fait que cela date de 2020 fait précisément suite au changement de doctrine annoncé depuis 2017 déjà par les États-Unis, et officialisé en avril dernier.

@ Stefan S.
Le terme d’”agression militaire caractérisée“ est un jugement subjectif, et non une violation prévue par la charte de l’ONU, qui se contente de parler d’“agression“ (et encore, il s’agit d’une traduction, à mon sens mauvaise car connotée, de l’anglais “attack“).
Toujours est-il qu’en matière d’agression (préventive ou non), il est indiscutable que la Russie en a commis une au regard du droit international. Mais la condamner sans tenir compte de son contexte relève soit de l’ignorance, soit de la mauvaise foi. Lorsque vous mentionnez le mémorandum de Budapest, vous omettez de rappeler qu’il a été accompagné, et même précédé, de toute une série d’assurances données à la Russie sur le fait que l’OTAN ne s’étendrait jamais aux anciennes républiques soviétiques. Comme on l’a vu, ces promesses n’ont pas été tenues, même s’il est difficile d’en vouloir aux pays baltes (ou à d’autres anciens pays “satellites“ aujourd’hui dans l’OTAN et dans l’UE) de souhaiter se protéger d’un voisin qui n’a pas toujours été bienveillant à leur égard, loin s’en faut.
Cela étant, il est tout aussi difficile, voire irresponsable, de ne pas comprendre les craintes d’une Russie qui voit l’OTAN se rapprocher toujours davantage d’un périmètre qu’elle considère important pour sa sécurité. Faut-il rappeler que les États-Unis considèrent l’ensemble du continent américain (Sud compris) comme leur chasse gardée et que les quelques velléités marxistes à Cuba, au Chili, au Nicaragua ou plus récemment au Venezuela ont fait l’objet d’interventions américaines pour le moins musclées ? Le monde s’est même retrouvé tout près d’une guerre nucléaire lors de la fameuse crise des missiles à Cuba évoquée au début de ce billet…
Vous avez visiblement la mémoire courte, et l’indignation sélective.
Et puisque vous évoquez les agressions constituant des violations du droit international, qu’en est-il des agressions des États-Unis et/ou de l’OTAN en Yougoslavie, en Libye, en Syrie ou ailleurs, sans mandat de l’ONU, constituant de graves violations du droit international ? Une partie du monde s’en était certes ému à l’époque, mais j’ai beau chercher, je n’ai pas souvenir de huit (et sans doute bientôt davantage) trains de sanctions européennes et suisses à l’encontre des États-Unis au nom de nos “valeurs communes“. On sait tous quelles ont été les conséquences de ces agressions “humanitaires“.

Le régime de M. Poutine n’est certes pas un parangon de démocratie et de débat respectueux, mais quand j’observe ce qu’est devenue la pluralité du débat dans nos contrées – et dans les commentaires qui ont suivi le mien - lorsqu’on est traité de “complotiste“ pour ne pas avoir observé la ligne du Part… pardon, du Conseil fédéral – que ce soit en matière de sanctions et de neutralité, de mesures sanitaires, d’énergie et j’en passe, il y a lieu de craindre pour notre fameux miracle helvétique.
Peut-être ne le savez-vous pas, mais de nombreux simples citoyens helvétiques se sont retrouvés dans des geôles bernoises pour avoir participé à des manifestations “non autorisées“ ces 3 dernières années, notamment contre les restrictions de libertés sous prétexte de crise sanitaire.
Votre simple mention de “logorrhée sans fin de clichés paranoïaques“ alors que je prends la peine d’étayer une argumentation sourcée, ainsi que votre renvoi élégant aux commentaires du Matin montre tout le mépris (certes très concis) que vous avez pour ces fameuses “valeurs communes européennes“.

D.R.
Le seul fait que vous soyez capable de faire le moindre parallèle entre Vladimir Poutine et le Général De Gaulle suffit à vous discréditer définitivement.

Je constate que le "débat" sur ces questions s'est polarisé au point où toute remise en question du bien fondé du soutient occidental à cette guerre est taxé de "propagande poutinienne" ou de "complotisme". Cette façon de discréditer tout point de vue différent du sien est seulement efficace pour éviter une discussion contradictoire argumentée, il ne permet pas de développer une pensée critique, plus que jamais nécessaire.
Les raisons invoquées pour continuer à alimenter ce conflit ne me semblent pas justifiées au vu de leur conséquences.
Il y a pour moi une part de folie dans le comportement de nos dirigeants, qu'ils soient américains, européens, russes ou chinois, prêts à sacrifier le monde pour ( remplir ici avec l'argumentaire correspondant à chacun ). Leur comportement me fait penser à une pathologie cancéreuse, dont le cellules tumorales mettent tout l'organisme au profit de leur développement, qui aboutit inévitablement à la mort dudit organisme.
A mon humble avis il est temps de distinguer ce qui est malade, et non pas seulement chez l'autre.

George B.

Vous comparez la liberté d'expression en Russie à... celle de la Suisse ? Vraiment ? Pourquoi n'iriez vous donc pas vous exprimer là-bas, dans ce cas ?

Il faut lire Edgar MORIN
Si les armes ne cessent pas, nous allons tout droit vers une 3ème guerre mondiale. Prétendre, comme le font l’ensemble des acteurs du conflit, que ce serait juste "la faute de l'autre" témoigne de la même et totale irresponsabilité de la totalité des dirigeants en cause : au jour de la destruction de nos biens et de nos familles, nous serons comme les ukrainiens, et comme en 1914, massacrés par la débilité de quelques mégalos, russes, américains ou français, peu importera alors : tous fous à lier.
https://www.ouest-france.fr/politique/entretien-edgar-morin-la-guerre-d…

Il est bon de lire ces commentaires contradictoires ! Très probable que les discours quotidiennement martelés par les télévisions ne sont qu'une vue (très) partiale de la situation. L'Ukraine souffre aujourd'hui le martyr d'avoir été transformée en pays tampon entre deux zones d'influence, américaine d'un côté et russe de l'autre. Il est grand temps que les Etats Unis décide d'arrêter la fourniture aussi intenses d'armes à l'Ukraine et acte la partition de ce pays entre une zone orientale russe et une partie occidentale Ukrainienne. Et pas de leçon de morale sur la volonté de liberté du peuple Ukrainien. La Crimée et le Dombass ne sont en rien des régions stratégiques pour les USA ni pour l'Union Européenne. En nous occidentaux ne sommes pas en mesure de savoir si ces régions ont une valeur stratégique pour les russes (cela semble bien le cas).

@ Georges B.,
Si les Alliés avaient réagi lorsque Hitler a violé les dispositions du traité de Versailles en rétablissant le service militaire obligatoire en 1935, en remilitarisant la Rhénanie en 1936, en annexant l'Autriche, puis en envahissant les territoires Sudètes en 1938, la ville de Memel en Lituanie et finalement la Tchécoslovaquie en 1939, les velléités belliqueuses de ce dictateur auraient été stoppées net et nous aurions peut-être évité la seconde guerre mondiale.
Au lieu de cela, les Alliés ont laissé faire et ils ont permis au dictateur de se préparer pour l'agression de la Pologne en 1939, de six pays, dont la France en 1940 et de l'URSS en 1941.
Si l'Europe et les États Unis n'avaient pas apporté leur soutien militaire à l'Ukraine au lendemain de l'agression russe contre ce pays, qui serait le prochain sur la liste de Poutine ?

@ Philippe V.
Je vous retourne le raisonnment.
Si la communuté internationale avait réagi lors des interventions (marrant comme ce sont des “interventions“ chez les Américains et des “agressions“ chez les Russes) des États-Unis/OTAN en Yougoslavie, puis en Irak, Libye, etc, les velléités belliqueuses du “gendarme du monde“ auraient-elles été stoppées net et aurions-nous évité la guerre actuelle ?
(Petite question au passage: en vertu de quoi donc l’OTAN avait-elle le “devoir humanitaire“ de protéger la gentille minorité kosovare des méchants Serbes qui voulaient mettre de l’ordre chez eux en 1997, alors que les gentils Ukrainiens - qui font la même chose au Donbass depuis 2014 contre la méchante minorité russe - sont au contraire gracieusement épaulés dans leur noble entreprise?)
Oui, mais voilà, il y a depuis 1945 cinq membres permanents au Conseil de sécurité de l’ONU, chacun disposant d’un droit de véto. Heureusement. Car le but du véto est de favoriser le consensus, c’est-à-dire tout le contraire de ce qui arrive maintenant. C’est peut-être ce qui a empêché jusqu’ici l’éclatement de la 3e Guerre mondiale. Car si celle-ci devait arriver, il n’est pas du tout certain que le reste du monde serait du côté de “nos valeurs“ - et de notre arrogance.

On peut effectivement constater qu'il est devenu difficile d'exprimer publiquement une vision nuancée sur cette question, cela mène souvent à être accusé de "mauvaise foi", comprendre ici le mot foi au sens religieux. Il en résulte que l'on se trouve souvent pas loin d'être excommunié, même si l'on porte une Croix Rouge Internationale sur le dos.

Philippe V.
Est-il nécessaire de rappeler qu'une partie importante des élites américaines et européennes s'accommodait volontiers de A.H. avant 1939, considérant que l'Allemagne nazie était le meilleur rempart contre les communistes? Les conditions de la seconde guerre mondiale ont leur source autant dans la géopolitique que dans notre inconscient collectif. Le philosophe allemand Heidegger, qui a versé dans le nazisme, rapprochait l'industrialisation et la technologie de la force brute du nazisme; il voyait en quelque sorte dans le moissonneuses-batteuses l'état larvaire des chars Panzer, car le potentiel de la technologie est puissance.
Pour comprendre les guerres passées et présentes - et tenter d'éviter l'expansion des guerres actuelles - , l'aspect géopolitique n'est à mon avis pas suffisant, car les causes sont tout autant épistémologiques, psychologiques et spirituelles.
Aussi, changer notre grille de lecture et reconsidérer l'humain dans un champ plus vaste, en questionnant sa place et son rôle sur Terre me semble nécessaire et urgent. Je ne pense pas que nous allons survivre comme civilisation si nous ne transcendons la logique binaire dans laquelle nous nous sommes enfermés.
C'est en substance ce que je reproche au discours ambiant: il est focalisé sur une mécanique binaire du bien et du mal, avec l'impératif moral de combattre le mal coûte que coûte.
Or, lorsque la réponse du "bien" est symétrique à l'agression du "mal", ça peut signifier que quelque chose s'est considérablement détraqué.
Faire l'effort d'une introspection sur notre propre pouvoir et questionner sa finalité est certes difficile - mais peut-être salutaire.

@George B.,

"...si celle-ci devait arriver, il n’est pas du tout certain que le reste du monde serait du côté de “nos valeurs“ - et de notre arrogance."

Si celle-ci (la troisième guerre mondiale) devait arriver, il est en effet certain que, comme disait Einstein, il ne restera plus grand monde pour voir la quatrième.

Je vous crois trop intelligent pour verser dans la poutinophilie et l'antimaéricanisme primaires. L'Occident a des responsabilités par trop évidentes dans la crise actuelle, c'est vrai. Et ce n'est pas en multipliant les fournitures d'armes à Kiev qu'il va apaiser les tensions. Il doit donc admettre ses propres erreurs avant de prétendre corriger celles de l'adversaire. Il n'y aura pas de négociations possibles tant que les uns et les autes n'auront pas fait leur "mea culpa". Mais on voit mal un Poutine et un Zelensky agir par actes de pure contrition, aussi croyants se disent-ils être.

Il n'en reste pas moins qu'il y a un pays agresseur et un autre agressé. Or, rien dans le droit international, ni dans la Charte de l'ONU, ne refuse au second le droit de se défendre, bien au contraire. Mais il y a la guerre des armes et celle des mots. Qui de part et d'autre de la ligne de front ment le plus et le mieux? Chacun dit défendre ses propres valeurs - surtout boursières à l'Ouest et
pétro-roublardes à l'Est, toujours sous le signe de la protection divine: "In Go(l)d We Trust" à Wall Street et "métaphysique" selon le Saint 007 et chef spirituel de la Troisième Rome.

Poutine n'a pas cessé de faire l'exact contraire de ce qu'il affirmait, en particulier en accusant l'Ukraine et les Occidentaux de ses propres crimes et mensonges, ce qui s'appelle en théorie de la désinformation "effet de miroir". Avec quel résultat sinon d'obtenir l'exact contraire de ceux qu'il escomptait? Au point que même les officiers vétérans de l'Afghanistan le traitent d'idiot et leurs homologues de l'Ouest, plus diplomates, de naïf et de piètre stratège.

Il semble entre-temps que tout le monde ait intérêt à ce que la guerre dure et que soit assuré le "bouzillenesse as usual" de part et d'autre. Au prix de combien de morts, de blessés et de destructions encore? En moins d'un an, l'armée russe n'a-t-elle pas perdu dix fois plus d'hommes et de matériel qu'en dix ans en Afghanistan?

"War is all commerce" - Evelyn Waugh

Quant à mon "oubli" dans mon dernier message, il valait bien le vôtre, en substance comme en essence et nullement par accident, ne trouvez-vous pas?